Inventaire général du patrimoine culturel
Région des Pays de la Loire/Service du Patrimoine
Ville d'Angers - Service Patrimoine Historique, Inventaire
inventaire topographique

Pays de la Loire, Maine-et-Loire

Angers, Centre-ville (quartier)

Quai Ligny

Type de dossier : ensemble Oeuvre sélectionnée Date de l'enquête : 2006

Désignation

Dénomination : quai
Appellation et titre : dit quai Ligny
Partie(s) constituante(s) non étudiée(s) : immeuble ; hôtel de voyageurs ; boutique

Compléments de localisation

Référence(s) cadastrale(s) : 1840 J 1, 2, 105 à 117, 181 à 208, 234 à 240 ; 1970 DH 1, 535 à 539, 541 à 560, 592 à 596, 602, 603, 606, 607, 609 à 612, 627
Numéro INSEE de la commune : 49007
Aire : Angers intra-muros
Canton : Angers Centre
Milieu d'implantation : en ville

Historique

Commentaire historique : Le port Ligny est attesté dans les textes dès le 11e siècle, mais ne fut pendant des siècles qu´une grève irrégulière. C´était originellement un port au blé puis le lieu du commerce du bois. Un premier quai est établi en 1575 par Jean Thomasseau, marchand teinturier, directement au sud du pont de Verdun, à hauteur de l´ancienne place Loricard. Les aménagements visibles sur le plan de ville de Moithey en 1776 ne semblent pas avoir été effectués. C´est à la Révolution qu´est réellement lancé le projet de quais sur tout le front de la rive gauche. Le plan de ville de Rudemare matérialise en 1813 cet aménagement programmé : un quai précédé d´une cale avec un front linéaire d´îlots d´habitation.

Mais la réalisation du quai Ligny, intervient seulement dans les années 1830, après l´achèvement du quai René-Bazin : il est remblayé en 1831 avec des débris de la carrière d´ardoise de Pigeon (carrière au nord-est de la ville sur la route de Paris). Un modèle de façade uniforme pour l´ensemble du quai est dessiné en 1833 par l´architecte voyer d´alors, Bienfaisant Thierry : propriétaire des terrains, la municipalité peut imposer cette contrainte dans les actes de vente. Néanmoins le cadastre établi en 1840 montre très peu de nouvelles constructions : des problèmes de viabilité des terrains, ainsi que les délais de construction trop courts avec façade imposée ont rebuté les acquéreurs, obligeant la municipalité à réduire, en 1842, le prix des terrains et à augmenter les délais. L´essentiel du front bâti se réalise dans les années 1840 ; seuls quatre terrains sont encore vacants en 1855.

Le programme n´est pas réalisé intégralement. Aux deux extrémités nord et sud, les propriétés étaient déjà en place au moment de l´opération ; leurs occupants n´avaient donc pas d´obligations contractuelles envers la municipalité (n° 7 à 11 et 53 à 57 ; seul l´immeuble au n° 55 s´est fait selon le dessin général) ; la maison faisant l´angle avec la rue Baudrière n´était pas concernée pour des raisons identiques et de même sa voisine, lorsque la montée Saint-Maurice fut prolongée jusqu´à la rivière au début du 20e siècle (n° 1 et 3).

Habitées tout d´abord par une population aisée en relation avec la vie économique du port, les demeures sont progressivement délaissées à la fin du 19e siècle au profit des quartiers rénovés ou créés sur les hauteurs de la ville. La situation s´aggrave au 20e siècle à l´instar de tous les quartiers du bas de la ville : à la fin des années 1960, la décision est prise de raser l´ensemble des quais et tout le secteur environnant jugés insalubres (démolition achevée à la fin des années 1970). Un projet d´immeubles à larges balcons en gradin de l´architecte parisien Jean Monge sera finalement abandonné au profit d´une promenade plantée dégageant le promontoire rocheux de la Cité et du château ; une voie rapide faisant office d´autoroute est établie le long de la rivière, en attente de la réalisation du contournement de la ville.
Datation(s) principale(s) : milieu 19e siècle
Date(s) : 1833 ; 1971
Justification de la datation : daté par source
Auteur(s) : Thierry Bienfaisant (architecte voyer) ; Monge Jean (architecte)
Justification de l'attribution : attribution par source

Description

Commentaire descriptif : Quai d´une longueur bâtie d´environ 400 mètres entre la rue Baudrière et le boulevard du Général-de-Gaulle. Les élévations antérieures sont réalisées d´après un dessin unique hormis quelques tronçons, entre la rue Baudrière et la montée Saint-Maurice (n° 1-3), entre la rue Thomasseau et la rue Barret (n° 7 à 11), et à l´extrémité sud (n° 55 et 57), qui cassent la continuité (particulièrement les n° 9 bis et 11).

Les élévations en tuffeau sont à rez-de-chaussée, entresol, deux étages carrés dont le premier est doté d´un balcon continu, et un étage-attique. Le rez-de-chaussée et l´entresol sont réunis par de grandes arcades et bossages. Les ouvertures s'ordonnent en travées répétitives, mais sans régularité entre elles (les travées sont fonction de chaque unité constructive, de largeur inégale, édifiée au coup par coup). Les couvertures sont principalement à longs pans parallèles à l´élévation antérieure, avec pignons latéraux ; mais comme chaque unité a une profondeur variable, il n´y a pas de ligne de faîtage continue.
Matériau(x) de gros-oeuvre et mise en oeuvre : tuffeau ; moyen appareil ; bossage
Matériau(x) de couverture : ardoise
Vaisseau(x) et étage(s) : sous-sol ; entresol ; 3 étages carrés
Parti d'élévation extérieure : élévation à travées
Type de la couverture : toit à longs pans ; pignon couvert ; croupe
Etat de conservation : détruit

Intérêt de l'oeuvre

Elément(s) remarquable(s) : élévation
Observations : Le quai Ligny faisait partie d´une opération plus vaste qui consistait à doter l´ensemble des quais de la rive gauche, entre les ponts de la Basse-Chaîne et Haute-Chaîne, d´élévations ordonnancées, en trois tronçons successifs, totalisant environ un kilomètre de longueur. Seuls les deux premiers, quais Ligny et René-Bazin, ont été réalisés (ce dernier dès les premières années du 19e siècle), tandis que le troisième situé plus au nord, quai Gambetta, est resté à l´état de projet. Cette grande façade urbaine constituait le plus ambitieux programme urbanistique d´Angers, qui cherchait vraisemblablement à rivaliser avec la façade fluviale de Nantes, et à conférer à la ville une image plus dynamique et moderne - dans une cité où aucune opération d´urbanisme concerté n´avait vu le jour sous l´Ancien Régime. Les trois quais, conçus à des périodes s´échelonnant du début au milieu du 19e siècle, permettent de suivre l´évolution de l´architecture urbaine monumentale, depuis le néo-classicisme encore attaché au style Louis XVI jusqu´à l´éclectisme Napoléon III à forte connotation Louis XIV, en passant par le néo-classicisme tardif inspiré par la rue de Rivoli à Paris.

Situation juridique

Statut de la propriété : propriété privée

Vue générale du quai, depuis le quartier de la Doutre, sur la rive opposée, photogr., 2e moitié 19e siècle.


Illustrations

Fig. 1
Vue générale du quai, depuis le quartier de la Doutre, sur la rive opposée, photogr., 2e moitié 19e siècle.
Fig. 2
Plan-masse et de situation. D'après le plan cadastral, 1980, section DH, éch. originelle 1 : 1 000 réduite. Etat du quai en cours de démolition
Fig. 3
Plan-masse et de situation. D'après le plan cadastral, 1840, section J, éch. originelle 1 : 1 000 réduite. Etat du quai en cours de démolition
Fig. 4
Détails de modénatures, en élévation et en coupe, des archivoltes du rez-de-chaussée, des fenêtres, de la corniche, dessin, par B. Thierry, 1833.
Fig. 5
Plan général du quai Ligny avec indication des divers terrains appartenant à la Ville, restant à concéder, par E. Boutrouë, 2e quart 19e siècle (v. 1840).
Fig. 6
Plan d'alignement de l'extrémité sud du quai Ligny (vers les n° 37 bis-47 du cadastre de 1970) et avant-projet de l'élévation ordonnée, par E. Boutrouë, 1840.
Fig. 7
Plan d'alignement de l'extrémité sud du quai Ligny (entre les n° 41 et 47 du cadastre de 1970) et avant-projet de l'élévation ordonnée, par E. Boutrouë, 1841.
Fig. 8
Deux avant-projets pour le n° 41 (ancien cadastre de 1970), à gauche, deux hôtels particuliers, à droite, un hôtel de voyageurs : plans du rez-de-chaussée et du 1er étage, par J.-L. François-Villers, 1850.
Fig. 9
Avant-projet pour le n° 41 (ancien cadastre de 1970) pour un immeuble à usage de commerce et d'habitation : plans du rez-de-chaussée, de l'entresol et du 1er étage, par J.-L. François-Villers, 1850.
Fig. 10
Deux avant-projets pour le n° 41 (ancien cadastre de 1970), à gauche, deux hôtels particuliers, à droite, un hôtel de voyageurs : élévations, par J.-L. François-Villers, 1850.
Fig. 11
Avant-projet pour le n° 41 (ancien cadastre de 1970), communs : plan du rez-de-chaussée, par J.-L. François-Villers, 1850.
Fig. 12
Avant-projet pour le n° 41 (ancien cadastre de 1970 ?), communs : élévations sur cour et sur la rue arrière (rue du Port-Ligny), par J.-L. François-Villers, 1850.
Fig. 13
Avant-projet pour le n° 41 (ancien cadastre de 1970) pour un immeuble à usage de commerce et d'habitation : plan et élévations du salon du 1er étage, par J.-L. François-Villers, 1850.
Fig. 14
Début de formation du quai Ligny : vue depuis la rive droite, en aval, dessin, par R.-E. Dussouchay, 1837.
Fig. 15
Quai Ligny, dans les années 1950, vue en enfilade vers le sud, photogr., de J. Mallet [v. 1950].
Fig. 16
Vue du quai et de la Maine depuis la rive opposée, au début du 20e siècle.
Fig. 17
Vue prise du Château. La Maine : élévations postérieures des immeubles du quai Ligny, carte postale, début 20e siècle.
Fig. 18
Les façades postérieures des immeubles de l'ancien quai Ligny, entre les anciennes rues Claude Robin et Barret, vues depuis le château, photogr., 1971.
Fig. 19
Projet d'un ensemble d'immeubles résidentiels quais Ligny et René-Bazin, vers 1970, en vue cavalière, repro. dessin, par J. Monge [v. 1970].
Fig. 20
Port Ligny, au pied du château : vue d'ensemble du sud vers le nord, dessin, par J.-J. Champin, 1ère moitié 19e siècle.
Fig. 21
Plan-masse et de situation, détail d'un plan parcellaire de la ville, 18e siècle : Quais, Port-Ligny (partie nord).
Fig. 22
Plan-masse et de situation, détail d'un plan parcellaire de la ville, 18e siècle : Quais, Port-Ligny (partie sud).
Fig. 23
Le quai à hauteur des n° 5 à 9 bis, vue du quai des Carmes
Fig. 24
Le quai à hauteur des n° 11 bis à 25, vue du quai des Carmes
Fig. 25
Le quai à hauteur des n° 11 bis : vue rapprochée.
Fig. 26
Site actuel du quai Ligny occupé par une voie routière de grand gabarit et bordé jusqu'au rocher de la Cité et du château par une promenade-jardin. Vue depuis le pont de Verdun.
Fig. 27
Site actuel du quai Ligny bordé jusqu'au rocher de la Cité et du château par une promenade-jardin et une voie rapide. Vue vers le sud-ouest depuis le bassin-fontaine au bas de la montée Saint-Maurice.
Fig. 28
Site actuel du quai Ligny occupé par une voie routière de grand gabarit et bordé jusqu'au rocher de la Cité et du château par une promenade-jardin. Vue depuis le bas de la montée Saint-Maurice vers le sud-ouest.
Fig. 29
Site actuel du quai Ligny occupé par une promenade-jardin au pied du rocher de la Cité et du château (visible à gauche) et une voie rapide. Vue vers le sud-ouest depuis le bas de la montée Saint-Maurice.

Voir

Angers, Présentation de l'aire d'étude Angers intra-muros
Angers, L'urbanisme
Angers, Ville d'Angers

Région des Pays de la Loire - Service du Patrimoine / Ville d'Angers - Service Patrimoine Historique, Inventaire. Chercheur(s) : Letellier-d'Espinose Dominique ; Biguet Olivier. (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général ; (c) Ville d'Angers. Renseignements : Centre de ressources, 1 rue de la Loire, 44966 Nantes cedex 9, tél. 02 28 20 54 70 - courriel : doc.patrimoine@paysdelaloire.fr - Document produit par Renabl6 : (c) Pierrick Brihaye (Région Bretagne) / Yves Godde (Ville de Lyon)