Les hotels de ville d'Angers

 

Louis XI accorde à Angers une charte municipale en 1475, origine du pouvoir municipal et de ses hôtels de ville.

Jusqu’en 1475, l’administration de la ville est entièrement entre les mains des comtes, puis des ducs d’Anjou, même si - à partir des années 1370 - quelques bourgeois de la ville sont timide- ment associés aux affaires financières, de façon purement consultative.

Pour s’assurer plus facilement le duché qu’il convoite depuis longtemps, c’est le roi de France, Louis XI, qui accorde à la ville son autonomie communale, par la grande charte de février 1475.
Le conseil de ville, composé d’un maire, de dix-huit échevins et de trente-six conseillers, d’un procureur et d’un clerc, sera élu à vie, sauf le maire, élu pour trois ans.

Des pouvoirs assez importants sont accordés à la ville, en particulier ceux de police et de justice, le droit de percevoir les revenus du péage-octroi de la cloison. Elle reçoit d’autre part des privilèges enviés : deux foires franches, exemption de taille, de gabelle, de service armé..., tandis que les charges municipales sont anoblissantes.

Cependant le roi nomme luimême le premier conseil de ville, dont le maire n’est autre que son « amé et feal conseillier », Guillaume de Cerisay.
La liberté des élections ne devient effective qu’après la mort de Louis XI.

Angers: une autonomie municipale dès 1475

La porte chapellière

Les premiers échevins louent d’abord une simple salle située au-dessus de la porte Chapellière, au bas de la rue Baudrière, indice des débuts modestes de la première municipalité.

L'hôtel de la Godeline
 

Les échevins se mettent à la recherche d’un lieu plus prestigieux. C’est ainsi qu’ils louent l’hôtel de la Godeline à l’évêque de Nantes. Celui-ci l’utilise rarement comme pied-à-terre sur la route de Paris. La municipalité s’y installe en 1484 après avoir rénové le bâtiment. Malheureusement après un premier bail de trente ans, l’évêque réclame sa résidence secondaire et surtout le paiement de tous les loyers.


Après de nombreuses tractations, le maire Jean Cadu décide la construction d’une maison de ville sur la place des Halles où la municipalité emménage durant l’été 1529.
L’hôtel de la Godeline, cité pour la première fois dans un acte de 1309, tient son nom d’un ruisseau qui coulait à proximité. Après le départ du conseil de ville, la Godeline devient une habitation particulière. En 1841, elle accueille l’école primaire supérieure dirigée par Jean- Joseph Chevrollier, puis, à partir de 1909, l’école de musique municipale. L’édifice abrite aujourd’hui le Comité Interprofessionnel des Vins d’Anjou et de Saumur et une salle d’exposition. Remanié et restauré à plusieurs reprises, l’hôtel de la Godeline atteste une reconstruction dans le dernier quart du XVIe siècle : façades à gros pavillons carrés, lucarnes Renaissance, corniches à modillons* et larges bandeaux à triglyphes*.

La "Grande maison des Halles"
 

Le terrain choisi se trouve à proximité des halles, des tribunaux et de la prison. La nouvelle maison de ville, appelée « la grande maison des halles », est achevée en 1531. Elle subit par la suite de nombreux remaniements. Ainsi, à la fin du XVIIe siècle, l’obligation faite au maire de résider sur place amène la construction d’une aile ou tout au moins son aménagement à partir d’un bâtiment déjà existant le long du rempart. En contrebas, un jardin est créé en 1681 (emplacement de l’actuelle rue Botanique). Le parterre, qui figure une croix d’Anjou, est précédé d’une grille et d’un escalier monumental.

En 1686, les édiles inaugurent le buste de Louis XIV placé au milieu du jardin, le jour de l’installation de l’Académie royale des sciences et belles lettres dans un pavillon à l’angle du jardin. Pour trois siècles, le quartier devient le véritable coeur de la ville : centre commercial, judiciaire, politique et lieu de résidence des principaux notables angevins comme le rappellent les grands hôtels particuliers rue du Cornet, rue du Canal, place Louis-Imbach ou rue Pocquet-de-Livonnières.

Après le départ de la municipalité vers l’ancien collège d’Anjou en 1826, le bâtiment devient le siège de la cour d’appel et de la cour d’assises en 1838, pour laquelle est réalisée une aile en symétrie sur la rue Botanique. L’escalier, les salles et la tour de l’horloge disparaissent. Un portique est construit en 1838 pour relier les deux ailes. Après la mise en service en 1880 de l’actuel palais de justice, la chambre de commerce puis la bourse du travail s’installent dans ces locaux. De nos jours, le lieu est occupé par le muséum d’histoire naturelle.
Le bâtiment actuel porte trace des très nombreuses transformations du XIXe siècle : plan en U, décor néoclassique et toiture peu élevée pour les deux ailes en retour. En revanche, le bâtiment central conserve encore son aspect du XVIIe siècle avec sa toiture pentue. Du côté du boulevard Carnot, l’édifice repose sur les vestiges des anciennes fortifications du XIIIe siècle : l’une des tours de l’enceinte médiévale, avec son toit en poivrière, jouxte la tour d’escalier de l’ancien logis du maire.

Une mairie sur les nouveaux boulevards

Le collège des oratoriens
 

(boulevard de la Résistance-et-de-la-Déportation)
Le collège Neuf ou collège d’Anjou est fondé en 1509. C’est à l’initiative de Marie de Médicis que les pères oratoriens s’installent à proximité et prennent la direction du collège en 1624. Principal établissement d’enseignement secondaire jusqu’à la Révolution, il accueille dans ses meilleures années mille à douze cents élèves. Fermé en 1793, l’édifice rejoint le patrimoine communal. À l’étroit dans son hôtel de ville du XVIe siècle, la municipalité décide en 1819 de s’établir dans l’ancien collège d’Anjou. La nouvelle maison commune est inaugurée e 23 septembre 1823 par Madame, duchesse d’Angoulême, fille de Louis XVI.
Le bâtiment actuel est une reconstruction de la fin du XVIIe siècle, fortement remaniée au XIXe siècle par l’architecte Lenoir, puis vingt-cinq ans plus tard, par Boutrouë et Dainville. Des pavillons d’angle sont édifiés. Un avant-corps néoclassique, précédé d’un péristyle à colonnes, abrite l’escalier droit à double volée, réédifié au centre de l’édifice. La composition est couronnée d’un fronton triangulaire présentant les armes de la ville au-dessus d’un entablement orné de triglyphes et de métopes. Le tout est surmonté d’un pavillon d’horloge, supprimé depuis 1980.

Le nouvel Hôtel de ville

Après la Révolution, l’administration municipale gagne régulièrement en autonomie financière et politique. Aussi, pour loger l’ensemble de ses services, la municipalité achète peu à peu l’en- semble des maisons situées entre les rues du Mail, David-d’Angers et des Ursules.

C’est ainsi que sont intégrés l’hôtel de Chemellier en 1898 (le long de la rue David-d’Angers), les bâtiments de l’ancien couvent des Ursulines, et plus particulièrement la chapelle dite des « Ursules », l’ancien hôtel Joubert -Bonnaire au 12 rue Chevreul...

Tous ces achats ne suffisent pas. Aussi un nou- veau bâtiment est construit par l’architecte Philippe Mornet.
Il s’agit d’un édifice en L de trois étages de bureaux suspendus sur rez-de-chaussée, avec deux niveaux de parkings souterrains.

En raison du faible espace disponible, l’architecte conçoit une construction libérée le plus possible de la contrainte des structures portantes. Les planchers des bureaux sont suspendus à des consoles métalliques assemblées à une poutre- toiture qui repose sur quatre fûts intérieurs fondés sur le rocher schisteux.

Dans ces fûts passent toutes les gaines tech- niques (ascenseur, chauffage, électricité...).
Est ainsi dégagé un grand espace en sous-sol servant de parkings ou de lieu d’exposition et un immense hall d’entrée de 2 000 m2 libre de tout poteau. En façade des pare-soleil rappellent, suivant leur orientation, la couleur du schiste ou celle du tuffeau.

La salle du conseil, de forme octogonale, est éclairée par un grand puits de lumière. Elle assure la jonction entre ancien et nouveau bâtiment.

Découvrez les hôtels de ville d’Angers

L’hôtel de la Godeline, 73 rue Plantagenêt, visible de l’extérieur

La salle de paléontologie du Muséum d’histoire naturelle, place Louis-Imbach.

L’actuel hôtel de ville, boulevard de la Résistance-et-de-la-Déportation

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