Inventaire général du patrimoine culturel
Région des Pays de la Loire/Service du Patrimoine
Ville d'Angers - Service Patrimoine Historique, Inventaire
inventaire topographique

Pays de la Loire, Maine-et-Loire

Angers, Centre-ville (quartier)

Place Larochefoucault-Liancourt

Type de dossier : individuel Oeuvre sélectionnée Date de l'enquête : 2009

Désignation

Dénomination : place
Appellation et titre : dite Larochefoucault

Compléments de localisation

Référence(s) cadastrale(s) : 1999 AO
Numéro INSEE de la commune : 49007
Aire : Angers intra-muros
Canton : Angers Nord
Milieu d'implantation : en ville
Cours d'eau : Maine (la)

Historique

Commentaire historique : L´histoire de la place accompagne celle des quais du quartier de la Doutre, rive droite. Ceux-ci sont projetés dans les années 1830, mais engagés seulement en 1862 en aval (rattachement de l´île des Carmes, création des boulevards Henri-Arnaud et du Ronceray), puis poursuivis en amont entre 1877 et 1885, le quai Monge précédant la place Larochefoucault. Etablie sur l´ancienne île Saint-Jean, prévue dans les premiers projets comme un espace bâti, cette vaste place bordée de platanes servit à ses débuts de champ de foire (première appellation), où se tenait le marché aux bestiaux, mais aussi diverses manifestations culturelles ou ludiques. La foire Saint-Martin s´y tient depuis 1964.
Datation(s) principale(s) : 4e quart 19e siècle

Intérêt de l'oeuvre

Observations : L´un des plus grands espaces libres du centre ville ou de ses environs immédiats, d´usage polyvalent. Un élément essentiel des bords de la Maine et de la Doutre, par la forte présence des alignements de grands arbres qui bordent le quai Monge et le boulevard Arago. Cette place constitue ainsi le jalon central dans la perception « verte » de la rive droite de la rivière, depuis le village de Reculée en amont jusqu´à la cale de la Savatte et au parc de Balzac en aval.

Situation juridique

Statut de la propriété : propriété privée

Vue de situation depuis le nord-est.


Synthèse

Compléments historiques :

Jusqu´au 19e siècle, le site de l´actuelle place La Rochefoucault-Liancourt constituait une partie du cours même de la Maine, parsemé d´îles et de prairies inondables. Plus large qu´aujourd´hui, la rivière coulait le long du mur de clôture de l´hôpital Saint-Jean, qui relevait de l´enceinte urbaine du 13e siècle, entre la tour de la Haute-Chaîne et la chaussée à moulins des Treilles. Face à l´hôpital et à l´actuelle Ecole des arts et métiers, deux îles, grande et petite (îles ou prés Saint-Jean), divisaient ponctuellement en deux bras la rivière, dont le cours réunifié en aval enserrait, avec le canal des Tanneries, la plus grande île de la ville et la seule habitée, l´île des Carmes.

Avec la construction du pont de la Haute-Chaîne, dans les années 1830, se pose naturellement la question de la régularisation du cours de la Maine, et donc de la viabilisation des grèves des deux rives. Des projets d´amplitude variable sont examinés. Un plan de l´ingénieur Adolphe Fourier de 1833 prévoit, côté Doutre, une solution minimale par un quai rejoignant la rue Beaurepaire, le long du canal des Tanneries réduit à un filet d´eau, les îles Saint-Jean destinées à disparaître par submersion. Un autre plan, daté de 1835, s´avère plus ambitieux : le quai devant englober la partie nord de l´île des Carmes, rattachée à la Doutre, en utilisant l´île Saint-Jean comme substrat ; le terrain ainsi obtenu devait permettre la création de nouveaux îlots d´habitation. Projets sans suite.

Les importantes inondations de 1856 remettent le sujet d´actualité : le comblement du canal des Tanneries, décidé en 1862, entraîne le rattachement de l´île des Carmes et la création des boulevards du Ronceray et Henri-Arnaud ; mais en amont la situation reste inchangée, en dépit des plans de ville édités dans ces années 1860-1880 figurant invariablement les projets de quais et de lotissements comme s´ils étaient acquis, voire réalisés. Les premiers travaux de remblaiement commencent en 1877 par la constitution d´un quai entre l´extrémité de l´île des Carmes et le pont de la Haute-Chaîne (futur quai Monge) sous l´égide des Ponts et Chaussées. Mais le comblement, à la charge de la Ville, tarde au point de transformer en boire le bras emprisonné de la Maine entre l´ancienne île Saint-Jean et la rive droite.

Après quelques tensions entre l´Etat et la Ville sur la conduite des opérations, les travaux s´achèvent vers 1885. Délimité à l'ouest par la rue du Godet, le nouvel espace créé est divisé en trois parties : le grand terre-plein central entre le boulevard Arago et le quai Monge devient la place La Rochefoucault-Liancourt, du nom du fondateur des écoles des Arts et Métiers ; la partie triangulaire située entre le boulevard Arago et l´Ecole des Arts et Métiers prend le nom de place des Arts ; enfin, une esplanade d´une soixantaine de mètres de large sur cent mètres de long - avenue de l´Ecole des Arts - précède l´entrée monumentale de l´établissement. Des plantations d´arbres délimitent tous ces espaces. Quelques embellissements devant l´Ecole voient le jour, ainsi un kiosque à musique en 1892 (le second après celui du jardin du Mail) que devait accompagner, selon une délibération municipale, un square circulaire bordé d´acacias boules. Souvent détériorés, ceux-ci ont assurément disparu en 1924 quand la place des Arts est avalée par les extensions de l´Ecole.

Dès sa création, cet espace arboré en coeur de ville, vide de toute construction, répond à des besoins que les rares autres places d´Angers ne pouvaient satisfaire. Le quartier de la Doutre bénéficie de l´activité économique de ce nouveau champ de foire (1ère appellation) qui reçoit mensuellement le marché aux bestiaux, auparavant installé dans le quartier de Saint-Serge. Tout aussi rapidement, la place accueille toutes les manifestations de grande envergure spatiale : fêtes des Fleurs de 1894, festivités de toutes sortes, théâtre, musique, cirque, feux d´artifices, revues militaires, fêtes nationales du 14 Juillet, concours agricoles, congrès, jusqu´à des courses de taureaux et des arrivées du Tour de France ; la foire-exposition d´Angers s´y installe de 1936 à 1984, et la fête de Saint-Martin s´y déroule depuis 1964. Plus prosaïquement, la place La Rochefoucault rend un grand service quotidien aux habitants des deux rives, en assurant l´unique stationnement gratuit du centre ville.



Illustrations

Fig. 1
Vue de situation depuis le nord-est.
Fig. 2
Frondaison de la place le long du quai de la Maine : vue depuis le nord, à hauteur du pont de la Haute-Chaîne.

Voir

Angers, Présentation de l'aire d'étude Angers extra-muros
Angers, L'urbanisme

Région des Pays de la Loire - Service du Patrimoine / Ville d'Angers - Service Patrimoine Historique, Inventaire. Chercheur(s) : Letellier-d'Espinose Dominique ; Biguet Olivier. (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général ; (c) Ville d'Angers. Renseignements : Centre de ressources, 1 rue de la Loire, 44966 Nantes cedex 9, tél. 02 28 20 54 70 - courriel : doc.patrimoine@paysdelaloire.fr - Document produit par Renabl6 : (c) Pierrick Brihaye (Région Bretagne) / Yves Godde (Ville de Lyon)