Inventaire général du patrimoine culturel
Région des Pays de la Loire/Service du Patrimoine
Ville d'Angers - Service Patrimoine Historique, Inventaire
inventaire topographique

Pays de la Loire, Maine-et-Loire

Angers, Centre-ville (quartier), Parvis-Saint-Maurice (rue du) 1

Hôtel dit maison canoniale Saint-Michel

Type de dossier : individuel Oeuvre sélectionnée Date de l'enquête : 1990

Désignation

Dénomination : hôtel
Genre du destinataire : de chanoines
Appellation et titre : maison canoniale Saint-Michel
Partie(s) constituante(s) non étudiée(s) : cour ; jardin ; oratoire

Compléments de localisation

Référence(s) cadastrale(s) : 1840 J 382 ; 1980 DH 23 ; 1999 DH 23
Numéro INSEE de la commune : 49007
Aire : Angers intra-muros
Canton : Angers Centre
Milieu d'implantation : en ville

Historique

Commentaire historique : La maison canoniale Saint-Michel, dans la Cité épiscopale, est attestée dès le 15e siècle sous ce nom. Le corps principal remonte au 14e siècle, d´après deux grandes fenêtres en arc brisé (avec restes de remplage en bouchage), dégagées en 1992 au 1er étage de la façade ouest, sur jardin. Un petit corps en retour au nord-est, contre le rempart gallo-romain de la Cité, semble appartenir à la conception initiale de la demeure ; de même qu´un escalier en vis, aménagé dans l´épaisseur des murs à la charnière des deux parties.

Dans le courant du 15e siècle, la demeure est remaniée. Les grandes baies ouest à remplage sont remplacées par de hautes fenêtres rectangulaires ; côté rempart, les étroites fenêtres pourraient dater de cette période, de même qu´une cheminée, fortement restaurée dans la chambre du 1er étage de l´aile secondaire. Dans le 1er quart du 16e siècle, cette pièce (oratoire ?) est décorée de fresques, dont une Mort de la Vierge, encore partiellement visible au début du 20e siècle ; seuls quelques motifs ornementaux garnissent aujourd´hui l´embrasure d´une ancienne porte.

Au 18e siècle vraisemblablement, la maison est à nouveau fortement transformée : une cour constituée par l´équerre des constructions médiévales disparaît au profit de pièces d´habitation (partie en tuffeau de l´actuelle élévation d´entrée au sud). Cette extension s´accompagne d´une reprise de distribution (notamment un nouvel escalier accessible depuis un couloir central) ; les niveaux eux-mêmes sont apparemment modifiés et les ouvertures du grand corps de logis, refaites. A l´époque révolutionnaire, la propriété est réduite par l´élargissement et la régularisation de la montée Saint-Maurice menant à la cathédrale.

Dans la 2e moitié du 19e siècle, la demeure fait l´objet d´un retraitement extérieur et intérieur dans un style néo-gothique, avec élargissement du couloir d´entrée et reconstruction de l´escalier. Les remaniements intérieurs sont entrepris dans le 3e quart du 20e siècle (indépendance des niveaux, en copropriété). Intervenues dans le courant des années 1980-1990, les restaurations extérieures ont permis la mise au jour des éléments archéologiques de la façade ouest, en 1992.
Datation(s) principale(s) : 14e siècle ; 15e siècle ; 18e siècle
Datation(s) secondaire(s) : 1er quart 16e siècle (détruit) ; 19e siècle ; 20e siècle

Description

Commentaire descriptif : L´édifice présentait à l´origine un plan en équerre bordant une petite cour d´entrée (?) dans l´angle antérieur droit (sud-est) de la parcelle : un grand corps de logis contenant la salle au premier étage éclairée par de vastes baies à arc brisé à remplage et une aile secondaire comportant la chambre. Au revers nord, le logis s´appuie sur le rempart gallo-romain. Aujourd´hui, un petit espace libre précède la demeure, qui présente un plan massé lié au remplissage de la cour ; un jardin se développe devant la façade ouest.

Le gros-oeuvre est en moellon de schiste, à l´exception de la partie droite - en tuffeau - de l´actuelle façade d´entrée, correspondant à l´extension sur cour. L´édifice est à un étage carré et étage de comble, sur deux niveaux de sous-sol.

Les couvertures sont à longs pans, reliées par des noues ; l´extension sur la petite cour antérieure est en appentis. Les pignons sont aujourd´hui couverts, à l´exception d´un rampant du pignon nord du grand corps.

Le seul escalier ancien est une vis dans-oeuvre en maçonnerie, aménagée dans l´épaisseur du mur postérieur, à la jonction des deux parties de la maison canoniale. Les autres escaliers, récents, sont également dans-oeuvre, en charpente, l´un en équerre, l´autre tournant à retours sans jour. Un escalier extérieur en pierre permet d´accéder au premier étage.

Les deux niveaux de sous-sol se trouvent sous le corps principal, voûtés en schiste, en berceau segmentaire (sous-sol supérieur) et en berceau en anse-de-panier (sous-sol inférieur) ; une sortie sur la montée Saint-Maurice depuis la cave inférieure est constituée d´un passage voûté en berceau segmentaire rampant en tuffeau.
Matériau(x) de gros-oeuvre et mise en oeuvre : schiste ; moellon sans chaîne en pierre de taille ; enduit ; tuffeau ; moyen appareil ; appareil mixte
Matériau(x) de couverture : ardoise
Vaisseau(x) et étage(s) : 2 étages de sous-sol ; 1 étage carré ; étage de comble
Type et nature du couvrement : voûte en berceau segmentaire ; voûte en berceau en anse-de-panier
Type de la couverture : toit à longs pans ; appentis ; noue ; pignon découvert ; pignon couvert
Emplacement, forme et structure de l'escalier : escalier de distribution extérieur : escalier droit, en maçonnerie ; escalier dans-oeuvre : escalier en vis sans jour, en maçonnerie ; escalier dans-oeuvre : escalier en équerre, en charpente
Technique du décor : peinture
Représentation : ornement végétal
Précision sur la représentation : Une ancienne porte de la chambre-oratoire du premier étage présente dans les embrasures des restes de peinture à motifs ornementaux faiblement discernables.
Typologie : Hôtel à cour antérieure (type A).
Etat de conservation : restauré

Intérêt de l'oeuvre

Intérêt de l'oeuvre : à signaler
Elément(s) remarquable(s) : élévation ; fenêtre
Observations : L´ancienneté et la richesse archéologique de cette maison canoniale ne sont vraiment connues que depuis la restauration partielle de 1992 qui a permis le dégagement d´une élévation remontant au moins au 14e siècle, avec des témoins architecturaux d´une grande qualité : les vastes baies en arc brisé avec remplage qui éclairaient la salle au premier étage indiquent une demeure de grande prestance et la signalent comme la seule de pleine époque gothique conservée à Angers, antérieurement à la fin du 15e siècle. De plus, son état global de conservation, malgré les nombreux remaniements, autorise une restitution relative et une comparaison instructive avec l´autre habitation médiévale encore en place dans la Cité épiscopale, la maison canoniale Sainte-Croix, 5 rue Saint-Aignan, l´une et l´autre présentant un plan articulé en équerre autour d´une cour antérieure.

Situation juridique

Statut de la propriété : propriété privée

Vue de situation.


Synthèse

Historique détaillé

La maison canoniale Saint-Michel, dans la cité épiscopale, est mentionnée sous ce nom dans les textes à partir du 15e siècle. Son élévation postérieure est à l´aplomb du mur d´enceinte du Bas-Empire du 3e siècle, sur lequel s´appuient les niveaux de sous-sol. Le bâti principal remonte au 14e siècle, mais réutilise peut-être des structures plus anciennes : deux grandes fenêtres en arc brisé (avec des restes de remplage retrouvés en bouchage), dégagées en 1992 sous des enduits de l´élévation ouest, sur jardin, attestent cette période ; ces ouvertures de prestige, sur la façade orientée vers le paysage de la vallée de la Maine, éclairaient la salle, au premier étage, de part et d´autre d´un massif en faible saillie sur le mur de façade (qui renfermait vraisemblablement les conduits de cheminée). Un petit corps composé de deux pièces superposées en avancée sur la courtine du rempart - emplacement d´une tour quadrangulaire -, reliés au corps principal par une courte aile en équerre, semble appartenir à la conception initiale de la demeure ; de même qu´un escalier en vis, exigu, aménagé dans l´épaisseur des murs à la charnière des deux parties.

Dans le courant du 15e siècle, la demeure est profondément remaniée. Les grandes baies à remplage de la façade ouest sont condamnées au profit de hautes fenêtres rectangulaires, celle de droite aujourd´hui bouchée ayant encore conservé ses proportions d´origine et l´essentiel de sa croisée de pierre ; au-dessous, subsiste aussi de cette campagne, une porte en arc segmentaire, également murée. Une autre ouverture, au premier étage, à l´extrême gauche de l´élévation, très transformée, serait contemporaine (même niveau d´allège que la grande baie à croisée). Côté rempart au nord, les étroites fenêtres, dont une encore munie de sa traverse (les autres ont été restituées récemment), pourraient dater de cette importante phase de remaniements. La charpente du grand corps - les poinçons octogonaux sont aujourd´hui sectionnés - semble aussi appartenir à cette période. Une cheminée, fortement restaurée, subsiste dans la chambre du premier étage.

Dans le 1er quart du 16e siècle, cette pièce, qui pourrait avoir contenu un oratoire, est décorée de fresques. Des restes en subsistaient au début du 20e siècle qui représentaient une Mort de la Vierge : il n´en reste rien aujourd´hui, malgré une tentative de sauvetage ; seuls quelques motifs ornementaux garnissent encore l´embrasure d´une ancienne porte, maintenant murée.

Au 18e siècle vraisemblablement, la maison est à nouveau fortement transformée : la cour au sud-est constituée par l´équerre des constructions médiévales est supprimée au profit d´une extension avec élévation antérieure (sud) en tuffeau, qui emporte les élévations ou restes d´élévations médiévales de ce côté (le gros mur formant façade de la petite aile en retour est à moitié détruit et un nouveau mur intérieur en tuffeau est élevé en avant vers sud, seul visible sur un plan de la fin du 18e siècle) ; la distribution est reprise avec notamment un nouvel escalier accessible depuis un couloir central. Les niveaux eux-mêmes sont apparemment modifiés car la grande baie droite de l´élévation côté Maine présente une partie basse murée de trois assises indiquant une remontée correspondante des planchers du premier étage (avant d´être entièrement murée, comme la porte du 15e siècle en dessous pour l´établissement de nouveaux conduits de cheminées) ; les autres ouvertures du grand corps de logis sont pareillement refaites dans ce cadre de la restructuration des niveaux.

La maison canoniale Saint-Michel est vendue comme bien national à la Révolution. La description qui en est alors faite indique un fonds plus important avec d´autres constructions aujourd´hui disparues : la parcelle est en effet à cette époque réduite par l´élargissement et la régularisation de la montée Saint-Maurice menant à la cathédrale.

Dans la 2e moitié du 19e siècle, la demeure fait l´objet d´un retraitement extérieur et intérieur dans le style néo-gothique, avec des portes et fenêtres à accolade sur la façade d´entrée et entre les principales pièces du rez-de-chaussée ; la cheminée du salon semble aussi relever de ces aménagements. La distribution est reprise avec un couloir d´entrée élargi et un nouvel escalier. A une date indéterminée (1ère moitié du 20e siècle ?), côté rempart, des fenêtres sont refaites avec des chaînages de brique (ils seront remplacés par des encadrements de pierre dans les années 1990).

La maison canoniale Saint-Michel fait l´objet de restaurations dans le courant des années 1980-1990, façade d´entrée avec recouvrement d´enduit sur la partie en tuffeau, élévation latérale sur le jardin en 1992 - avec mise au jour complète des diverses traces archéologiques, avant qu´elles soient de nouveau largement masquées pour conservation par un enduit -, élévation postérieure sur rempart avec restauration des ouvertures. L´escalier dans le couloir central est détruit, et hors l´étroit escalier en vis, l´accès aux étages se fait désormais uniquement par un escalier extérieur (du 18e ou du 19e siècle) et par deux escaliers intérieurs dans la partie droite, datant du 20e siècle.



Illustrations

Fig. 1
Vue de situation.
Fig. 2
Plan-masse et de situation. D'après le plan cadastral, 1980, section DH, parcelle 23, éch. 1 : 1 000.
Fig. 3
Plan-masse et de situation. D'après le plan cadastral, 1840, section J, parcelle 382, éch. 1 : 1 000.
Fig. 4
Plan schématique de couverture.
Fig. 5
Plan du rez-de-chaussée, [v. 1791].
Fig. 6
Elévation postérieure à l'aplomb de l'enceinte du Bas-Empire, par G. Coulonnier, 1985.
Fig. 7
Elévation latérale gauche sur le jardin, par M. Angelescu, 1992.
Fig. 8
La Montée Saint-Maurice et la maison canoniale Saint-Michel (au 1er plan à droite), vue depuis l'est, photogr., mai 1966.
Fig. 9
Vue de situation, depuis l'ouest.
Fig. 10
Façade nord (au centre de l'image).
Fig. 11
Elévation antérieure : pignon sud.
Fig. 12
Elévation ouest et sud, vues depuis la montée Saint-Maurice
Fig. 13
Façade ouest, sur jardin : vue d'ensemble pendant la restauration.
Fig. 14
Façade ouest sur jardin : partie gauche pendant la restauration.
Fig. 15
Façade ouest sur jardin, travée droite : porte murée.
Fig. 16
Façade ouest sur jardin, deuxième niveau : baie droite murée, vue d'ensemble.
Fig. 17
Façade ouest sur jardin, deuxième niveau : baie droite murée, partie inférieure.
Fig. 18
Façade ouest sur jardin, deuxième niveau : baie droite murée, partie supérieure.
Fig. 19
Façade ouest sur jardin, deuxième niveau : ancienne porte et fenêtre gauche, vue d'ensemble.
Fig. 20
Façade ouest sur jardin, deuxième niveau : baie gauche, vue d'ensemble.
Fig. 21
Façade ouest sur jardin, deuxième niveau : baie gauche, partie supérieure.
Fig. 22
Vestiges de remplage provenant de l'élévation ouest sur jardin.
Fig. 23
Façade ouest sur jardin, deuxième niveau : baie médiane, vue d'ensemble.
Fig. 24
Elévation nord à l'aplomb du mur d'enceinte du Bas-Empire, vue d'ensemble depuis la cour postérieure de la maison, 50 rue Baudrière. Etat en 2008 après restauration.
Fig. 25
Façade ouest sur jardin, deuxième niveau : baie médiane, l'allège.
Fig. 26
Façade ouest sur jardin, deuxième niveau : baie médiane, partie supérieure droite.
Fig. 27
Façade ouest sur jardin : vue d'ensemble après restauration.
Fig. 28
Façade ouest sur jardin : partie droite, après restauration.
Fig. 29
Façade ouest sur jardin : partie gauche, après restauration.
Fig. 30
Elévation postérieure nord à l'aplomb du mur d'enceinte du Bas Empire, partie supérieure vue par-dessus les toits des maisons de la rue Baudrière. Etat en 1984 avant restauration.
Fig. 31
Elévation nord à l'aplomb du rocher de la Cité et du mur d'enceinte du Bas-Empire, vue d'ensemble depuis la cour postérieure de la maison, 48 rue Baudrière. Etat en 2008 après restauration.
Fig. 32
Elévation nord à l'aplomb du mur d'enceinte du Bas-Empire : la partie en avancée sur la tour d'enceinte quadrangulaire, angle nord-est, état en 2008 après restauration.
Fig. 33
Charpente du corps principal, avec au fond le mur postérieur.
Fig. 34
Charpente du corps principal, culot de poinçon.

Voir

Angers, Présentation de l'aire d'étude Angers intra-muros
Angers, Centre-ville (quartier), Demeures du centre historique (intra-muros)
Angers, Centre-ville (quartier), L'habitat communal

Région des Pays de la Loire - Service du Patrimoine / Ville d'Angers - Service Patrimoine Historique, Inventaire. Chercheur(s) : Letellier-d'Espinose Dominique ; Biguet Olivier. (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général ; (c) Ville d'Angers. Renseignements : Centre de ressources, 1 rue de la Loire, 44966 Nantes cedex 9, tél. 02 28 20 54 70 - courriel : doc.patrimoine@paysdelaloire.fr - Document produit par Renabl6 : (c) Pierrick Brihaye (Région Bretagne) / Yves Godde (Ville de Lyon)