Inventaire général du patrimoine culturel
Région des Pays de la Loire/Service du Patrimoine
Ville d'Angers - Service Patrimoine Historique, Inventaire
inventaire topographique

Pays de la Loire, Maine-et-Loire

Angers, Centre-ville (quartier), Plantagenêt (rue) 73

Hôtel, dit maison de la Godeline, puis hôtel Thévin de la Chotardière, actuellement Maison du vin

Type de dossier : individuel Oeuvre sélectionnée Date de l'enquête : 1981

Désignation

Dénomination : hôtel
Appellation et titre : maison de la Godeline, puis hôtel Thévin de la Chotardière
Destinations successives et actuelles de l'édifice : établissement vinicole
Partie(s) constituante(s) non étudiée(s) : cour ; communs

Compléments de localisation

Référence(s) cadastrale(s) : 1840 H2 1276 à 1278 ; 1980 BT 155 ; 1999 BT 155
Numéro INSEE de la commune : 49007
Aire : Angers intra-muros
Canton : Angers Centre
Milieu d'implantation : en ville

Historique

Commentaire historique : Attestée au début du 13e siècle, cette demeure tient sa première appellation de la fontaine Godeline, dont subsisteraient des vestiges sous la cour postérieure. Propriété de l´évêque de Nantes dès cette époque et résidence secondaire peu occupée, elle est louée en 1484 au corps de ville qui la fait restaurer (date commémorative inscrite sur une lucarne antérieure) et l'occupe jusqu'en 1529, avant de s´établir place des Halles. Sa reconstruction totale est effectuée dans le 3e quart du 16e siècle pour Jacques Thévin de la Chotardière, trésorier des finances de Bretagne, propriétaire des lieux à partir de 1563 : son blason ornait une lucarne du pavillon gauche (d'après travaux historiques). Les deux escaliers en vis subsistants et les plafonds sculptés des couloirs adjacents sont d'origine. Le gendre de Jacques Thévin, Jean Richard de Bois-Travers, conseiller trésorier de France, général des finances en Bretagne, maire d'Angers, fait édifier en 1583 un petit corps de galerie en retour sur la cour d'entrée par le maçon Guillaume Guillemot, en contrepoint du pavillon. L'hôtel aurait porté la date de 1641, encore visible au 19e siècle, non localisée : seul le portail de la façade antérieure se rattache à cette époque. Le corps de communs (ou de galerie ?) de la cour arrière porte sur une lucarne la date de 1683 liée peut-être à une simple reprise de couverture.

L'édifice connaît des transformations au 19e siècle : en 1829, le corps de galerie de 1583 est englobé dans une maison voisine qui en remploie néanmoins la façade sur cour et l'escalier. Vers 1863, un corps d'entrée en rez-de-chaussée est bâti sur l'ancienne rue du Grand-Talon pour l'école primaire supérieure Chevrollier, probablement par l´architecte Ernest Dainville (d´après un avant-projet plus modeste lui revenant). En 1882, la municipalité acquiert la Godeline. C´est au début de cette décennie qu´une grande cour d'entrée est aménagée à l´emplacement de la voie médiévale (rue du Grand-Talon) pour s´aligner sur la nouvelle rue Plantagenêt. Enfin des constructions adventices des années 1860 et les derniers vestiges du corps de la galerie sur cour sont détruits lors d'une restauration pour l'installation, en 1909, de l'école municipale de musique. Ces mutations fonctionnelles s'accompagnent d'autant de réaménagements, terrasse entre la tour d'escalier et le corps de communs, lotissement d'une petite cour latérale de service, et de restaurations qui modifient en particulier le dessin des lucarnes : la dernière est effectuée en 1986 pour la mise en place de la Maison du vin.
Datation(s) principale(s) : 3e quart 16e siècle ; 4e quart 16e siècle
Datation(s) secondaire(s) : 13e siècle (?) ; 2e quart 17e siècle ; 4e quart 17e siècle ; 3e quart 19e siècle (détruit)
Date(s) : 1484 ; 1583 ; 1641 ; 1683
Justification de la datation : porte la date ; daté par source
Auteur(s) : Guillemot Guillaume (maçon) ; Dainville Ernest (architecte) ; Aïvas Alexandre (architecte communal)
Justification de l'attribution : attribution par travaux historiques ; attribution par source
Personne(s) liée(s) à l'histoire de l'oeuvre : Thévin de la Chotardière Jacques (commanditaire) ; Richard de Bois-Travers Jean (commanditaire)

Description

Commentaire descriptif : Edifice d´organisation complexe, avec cours antérieure et postérieure (jardin à l´origine ?), et une cour de service latérale aujourd´hui lotie. Il est constitué d´un grand corps de logis, flanqué sur la cour d´entrée d´un gros pavillon (à gauche) et autrefois d´un petit corps de galerie (à droite, en symétrie) : l´ensemble constituait un plan régulier en U. Sur la cour postérieure, au revers nord-est du corps principal, un logis secondaire en équerre borde la cour postérieure et forme retour sur la cour de service. Il est prolongé en fond de parcelle par le bâtiment de communs (ou de galerie) daté 1683, de plan allongé. Le gros-oeuvre est en moellon de schiste, à l´exception de la face latérale du gros pavillon et autrefois de celle en vis-à-vis du petit corps de galerie. Le grand corps de logis est pour sa partie gauche à un niveau de sous-sol à demi enterré, rez-de-chaussée surélevé et un étage carré, et pour sa partie droite à rez-de-chaussée de plain-pied et deux étages carrés. Les autres parties de l´édifice sont également à deux étages carrés, sauf le dernier corps de bâtiment en fond de propriété qui est à un seul étage. L´ensemble des combles est à surcroît. Les élévations sont à travées. Les couvertures du grand corps sont à longs pans, pignons découverts (et en partie couverts aujourd´hui) ; le pavillon ainsi que l´escalier principal présentent des toitures en pavillon. Des appentis, simple et brisé, couvrent certaines parties postérieures de l´hôtel. L´escalier principal est une vis en pierre inscrite dans une tour d´escalier hors-oeuvre située au revers du grand corps, à l´angle du logis secondaire. Sur la cour d´entrée, une petite vis en pierre dessert le gros pavillon, au contact du grand corps de logis ; une autre petite vis formait contrepoint pour le corps de galerie disparue. Le couloir d´accès au grand escalier et le passage (vers la cour de service) entre le grand corps et le logis secondaire sont voûtés en berceau segmentaire. Les petits passages entre le grand corps et le gros pavillon sont couverts de voûtes plates à décor sculpté d´entrelacs.
Matériau(x) de gros-oeuvre et mise en oeuvre : schiste ; moellon ; moellon sans chaîne en pierre de taille ; enduit ; tuffeau ; moyen appareil ; appareil mixte
Matériau(x) de couverture : ardoise ; verre en couverture ; ciment en couverture
Parti de plan : plan régulier en U
Vaisseau(x) et étage(s) : sous-sol ; rez-de-chaussée surélevé ; 2 étages carrés ; comble à surcroît
Type et nature du couvrement : voûte en berceau segmentaire ; voûte plate
Parti d'élévation extérieure : élévation à travées
Type de la couverture : toit à longs pans ; appentis ; toit en pavillon ; pignon découvert ; pignon couvert ; noue ; terrasse
Emplacement, forme et structure de l'escalier : escalier hors-oeuvre : escalier en vis sans jour, en maçonnerie
Technique du décor : sculpture
Représentation : pilastre, fronton, acanthe ; cuir découpé, guirlande, couronne, volute, feuillage, fruit, palmette ; entrelac, rosace
Précision sur la représentation : Le portail de l'élévation antérieure présente des pilastres sur des piédroits à bossages supportant un fronton curviligne, avec acanthes à la clé et en partie supérieure des pilastres. Trois lucarnes des élévations sur la cour antérieure sont ornées dans leur attique d'un cuir découpé avec couronne ou guirlande, des motifs de feuillages et de fruits insérés dans les ailerons à volutes. Deux petits plafonds de couloir desservant le pavillon sont à motif d'entrelacs, rosaces et feuillages.
Typologie : Hôtel à cour antérieure (type A).
Etat de conservation : restauré

Intérêt de l'oeuvre

Elément(s) remarquable(s) : élévation
Observations : L´hôtel Thévin de la Chotardière appartient à un corpus de grandes demeures de la Seconde Renaissance spécifiques à Angers : des logis construits pour des familles toutes étroitement apparentées, issues du milieu administratif et judiciaire ; les mêmes maîtres d´oeuvre sont sollicités avec, pour chef de file, le grand architecte angevin Jean Delespine. D´où l'homogénéité de ces édifices, composition générale avec grand corps de logis flanqué d´au moins un gros pavillon, austérité des élévations à la stricte modénature, sans autre décor que celui parfois porté sur les lucarnes.

Situation juridique

Statut de la propriété : propriété de la commune

Vue de situation.


Illustrations

Fig. 1
Vue de situation.
Fig. 2
Plan-masse et de situation. D'après le plan cadastral, 1971, éd. 1980, section BT, parcelle 155, éch. 1 : 500, réduit
Fig. 3
Plan-masse et de situation. D'après le plan cadastral, 1840, section H2, parcelles 1276 à 1278, éch. 1 : 1 000.
Fig. 4
Plan schématique actuel de couverture avec restitution des parties disparues (cf. plan de 1908, AC Angers 1 Fin 1026)
Fig. 5
Plan du rez-de-chaussée (ancien niveau de service), d'après un relevé du Service Architecture, ville d'Angers, de février 1985, éch. originale : 1 : 100.
Fig. 6
Plan du premier étage (ancien 1er niveau d'habitation), d'après un relevé du Service Architecture, ville d'Angers, de février 1985, éch. originale : 1 : 100.
Fig. 7
Elévation interne des pavillons du logis sur la cour antérieure, d'après un dessin, [v. 1908], éch. originelle 1 : 50 (AC Angers).
Fig. 8
Restauration du pensionnat de monsieur Chevrollier situé rue du Grand Talon. Façade sur la rue. Façade sur la cour, dessin, par E. Dainville, 1863.
Fig. 9
Restauration du pensionnat de M. Chevrollier situé rue du Grand Talon rez-de-chaussée 1er étage : plan de bâtiments annexes sur la cour d'entrée, par E. Dainville, 1863.
Fig. 10
Plan au sol. Etat actuel et projet de réaménagement, par A. Aïvas, 1902.
Fig. 11
Elévation antérieure, par A. Aïvas, 1902.
Fig. 12
Projet de construction de salles pour la Société des Amis des Arts : plan des toits et développement des coupes sur les toits, par G. Deperrière, 1903.
Fig. 13
Projet de construction de salles pour la Société des Amis des Arts : plan au niveau du sol des cours, 1903.
Fig. 14
Projet de construction de salles pour la Société des Amis des Arts : plan au niveau du rez-de-chaussée, par G. Deperrière, 1903.
Fig. 15
Projet de construction de salles pour la Société des Amis des Arts : façades développées de l'hôtel de la Godeline et de la nouvelle salle de théâtre adjacente, dessin, par G. Deperrière, 1903.
Fig. 16
Projet de construction de salles pour la Société des Amis des Arts : coupes transversales sur la salle principale (salle de théâtre), par G. Deperrièire, 1903.
Fig. 17
Elévation antérieure, photogr., [v. 1880].
Fig. 18
Elévation antérieure, photogr., [v. 1880].
Fig. 19
Plan d'ensemble avec projet d'auditorium, par A. Mornet, 1966.
Fig. 20
Plan du rez-de-chaussée, par A. Mornet, 1966.
Fig. 21
Plan du rez-de-chaussée. Les parties hachurées correspondent aux bâtiments détruits à cette époque. D'après un projet d'aménagement pour l'Ecole de Musique, [v. 1909].
Fig. 22
Façade antérieure.
Fig. 23
Façade antérieure.
Fig. 24
Pavillon antérieur gauche, élévation interne : baie du troisième niveau et lucarne.
Fig. 25
Corps principal, élévation antérieure : porte d'accès au couloir.
Fig. 26
Corps principal, élévation antérieure : lucarne centrale.
Fig. 27
Corps principal, façade postérieure.
Fig. 28
Elévations postérieures, angle gauche.
Fig. 29
Elévations postérieures, angle gauche.
Fig. 30
Communs sur la cour postérieure : élévation antérieure, après restauration.
Fig. 31
Aile postérieure gauche, détail.
Fig. 32
Logis, corps principal, rez-de-chaussée : couloir vers la cour antérieure, et départ de l'escalier.
Fig. 33
Deuxième étage, couloir de liaison avec plafond à caissons entre le corps principal et la vis.
Fig. 34
Premier étage, plafond d'un petit passage de dégagement entre le corps principal et le pavillon gauche.
Fig. 35
Deuxième étage, plafond d'un petit passage de dégagement entre le corps principal et le pavillon gauche.
Fig. 36
Logis, corps de l'escalier, face latérale gauche, partie haute : support de cheminée d'une chambre haute disparue.

Voir

Angers, Présentation de l'aire d'étude Angers intra-muros
Angers, Centre-ville (quartier), Demeures du centre historique (intra-muros)
Angers, Centre-ville (quartier), L'habitat communal

Région des Pays de la Loire - Service du Patrimoine / Ville d'Angers - Service Patrimoine Historique, Inventaire. Chercheur(s) : Letellier-d'Espinose Dominique ; Biguet Olivier. (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général ; (c) Ville d'Angers. Renseignements : Centre de ressources, 1 rue de la Loire, 44966 Nantes cedex 9, tél. 02 28 20 54 70 - courriel : doc.patrimoine@paysdelaloire.fr - Document produit par Renabl6 : (c) Pierrick Brihaye (Région Bretagne) / Yves Godde (Ville de Lyon)