Inventaire général du patrimoine culturel
Région des Pays de la Loire/Service du Patrimoine
Ville d'Angers - Service Patrimoine Historique, Inventaire
inventaire topographique

Pays de la Loire, Maine-et-Loire

Angers, Centre-ville (quartier), Malsou (rue) 9, 11

Hôtel de Tinténiac, puis Grandet de la Plesse

Type de dossier : individuel Oeuvre sélectionnée Date de l'enquête : 1979

Références documentaires

Référence de la même oeuvre dans le domaine MH : PA00108905

Désignation

Dénomination : hôtel
Appellation et titre : dit hôtel de Tinténiac, puis Grandet de la Plesse
Partie(s) constituante(s) non étudiée(s) : cour ; jardin ; puits

Compléments de localisation

Référence(s) cadastrale(s) : 1840 G 131 ; 1980 AO 176 ; 1999 AO 176
Numéro INSEE de la commune : 49007
Aire : Angers intra-muros
Canton : Angers Nord
Milieu d'implantation : en ville

Historique

Commentaire historique : Hôtel construit vers 1500 pour Jean de Tinténiac, chanoine de Saint-Martin d´Angers en 1503 et futur doyen de cette collégiale : il ne comprend alors que le grand corps de logis, la tour d´escalier et l´aile en retour sur la cour d´entrée. Intérieurement, subsistent une cheminée d´origine dans l´étage de comble et plusieurs coussièges aménagés dans les ébrasements de fenêtres. Un petit logis adjacent de même époque (n° 5-7, étudié séparément) relevait à l´origine de la propriété. Entre 1548 et 1583, l'hôtel s'agrandit au revers d'un jardin (au n° 11). Celui-ci est bordé dans la 1ère moitié du 17e siècle par un nouveau corps de logis édifié en front de rue, période où la façade du corps principal est également remaniée côté jardin : travaux effectués soit pour Jean Gabory, sieur de la Lande, soit pour Jacques Grandet de la Plesse, conseiller du roi, dont la famille détient l'hôtel pendant un siècle et lui laisse son nom. Son fils aîné Joseph, directeur du grand séminaire et historien local, hérita en 1691 du logis sur rue (n 11), la grande maison (n 9) revenant au cadet François, maire d'Angers. Au 18e siècle sont effectués divers aménagements extérieurs et intérieurs, pour les Grandet ou la famille de Dieusie, établie à partir de 1743 : modification de façade et de couverture à l'angle antérieur droit du logis, en relation avec un salon d'étage, modernisation des cheminées, lambrissage de plusieurs pièces dont celle du rez-de-chaussée dans l'aile postérieure, édification du portail sur la cour d'entrée. En 1776, l´entrepreneur François Delaunay est chargé de travaux de réparations : de cette époque subsiste un plafond d´étage. De 1825 à 1972, la demeure est une propriété ecclésiastique relevant de l'évêché puis de la congrégation des soeurs de l'instruction chrétienne de Saint-Gildas-des-Bois (Loire-Atlantique). Les corps de logis sur cour sont restaurés à partir de 1976, l´aile postérieure en 1985, et le mur de clôture en 1998, avec dégagement du portail originel du 15e siècle.
Datation(s) principale(s) : limite 15e siècle 16e siècle ; 1ère moitié 17e siècle
Datation(s) secondaire(s) : 18e siècle
Justification de la datation : daté par source
Auteur(s) : Delaunay François (entrepreneur)
Justification de l'attribution : attribution par source
Personne(s) liée(s) à l'histoire de l'oeuvre : Tinténiac Jean de (commanditaire) ; Grandet de la Plesse Jacques (commanditaire) ; Grandet Joseph (habitant célèbre)

Description

Commentaire descriptif : Hôtel constitué de trois corps de logis : un corps principal perpendiculaire à la rue, entre cour et jardin, une aile d´habitation plus étroite en retour sur la cour (n° 9), un troisième corps entre rue et jardin (n° 11), au revers du corps principal. Les deux premiers corps sont en schiste enduit, avec bossages d´angle en tuffeau (côté rue) ; le corps postérieur est en schiste (premier niveau récupérant un mur de clôture) et tuffeau sur rue, entièrement en tuffeau sur jardin. L´ensemble des corps présente un étage carré, avec étage de comble pour le corps principal (transformé dans l´angle antérieur droit en second étage carré), et comble à surcroît pour le corps arrière. Les couvertures sont à longs pans, et pignons principalement découverts (pour le grand corps et la tour d´escalier), en carène pour le corps arrière ; un toit polygonal coiffe une tourelle en encorbellement sur ce dernier. L´escalier principal est une vis en maçonnerie dans une tour hors-oeuvre à chambre haute, au centre du grand corps, sur la cour. L´aile sur cour abritait une cuisine ou boulangerie avec four à pain et une autre pièce de communs séparée de la précédente par un passage couvert (selon description de 1691 et plan de 1961). Elle comprenait aussi un niveau partiel d´entresol (aménagé à une date indéterminée et supprimé en 1975). Le sous-sol est constitué d´une grande cave sous le corps principal et d´une petite en retour sous la cuisine, toutes deux en berceau segmentaire de schiste. Un puits (reconstruit en élévation en 1975) occupe l´angle antérieur gauche de la cour.
Matériau(x) de gros-oeuvre et mise en oeuvre : schiste ; moellon sans chaîne en pierre de taille ; moellon ; enduit ; tuffeau ; moyen appareil ; appareil mixte ; bossage
Matériau(x) de couverture : ardoise
Vaisseau(x) et étage(s) : sous-sol ; 1 étage carré ; étage de comble ; comble à surcroît
Type et nature du couvrement : voûte en berceau segmentaire ; voûte en berceau plein-cintre
Parti d'élévation extérieure : élévation à travées
Type de la couverture : toit à longs pans ; toit en carène ; toit polygonal ; pignon découvert ; pignon couvert ; croupe ; noue
Emplacement, forme et structure de l'escalier : escalier hors-oeuvre : escalier en vis sans jour, en maçonnerie
Technique du décor : sculpture ; ferronnerie ; menuiserie ; peinture
Représentation : pilastre, fronton ; ornement géométrique ; volute, palmette ; arabesque ; ornement végétal
Précision sur la représentation : Le petit portail sur rue de l'aile postérieure est cantonné de deux pilastres doriques portant un entablement et un fronton triangulaire brisé. Son vantail est composé de différents panneaux quadrangulaires. Le grand balcon d'angle est à motif de volutes autour de grandes palmettes centrales. Les lambris de la pièce d'angle du premier étage du corps principal et ceux de la grande pièce du rez-de-chaussée du corps postérieur sont à panneaux géométriques avec bases ou sommets en arabesque. L'une des poutres d'étage conserve la trace d'un décor peint à figures ornementales ou végétales.
Typologie : Hôtel à cour antérieure (type A).
Etat de conservation : restauré

Intérêt de l'oeuvre

Intérêt de l'oeuvre : à signaler
Elément(s) remarquable(s) : élévation ; charpente d'assemblage ; balcon
Observations : Les récents apports documentaires sur l´origine de la construction et l´identification de son maître d´ouvrage, Jean de Tinténiac, renforcent l´intérêt de cet hôtel particulier, l´un des plus remarquables de la fin du Moyen Age à Angers, avec sa haute tour d´escalier surmontée d´une chambre haute à pignon. Très en vue sur la place du Tertre, il constitue un des édifices majeurs du secteur nord - fort touristique - de la Doutre intra-muros. Le corps de logis sur rue, du 17e siècle, avec sa spectaculaire couverture en carène ponctuée d´une tourelle en encorbellement, participe au pittoresque de l'ensemble. A signaler aussi l´élégant remaniement du 18e siècle avec le grand balcon d´angle.

Données mises à jour en février 2006.

Situation juridique

Statut de la propriété : propriété privée
Date(s) et nature de la protection MH : 1984/08/29 : classé MH partiellement
Précisions sur la protection : Façades et les toitures y compris la tourelle donnant sur la rue (cad. 1980 AO 176) : classement par arrêté du 29 août 1984.

Vue de situation.


Synthèse

Historique détaillé

Cet hôtel occupe l´emplacement d´une maison (n° 9) et jardin (probablement n° 5-7) détenu en 1460 par un certain Thibault Ménart, tisserand. Celui-ci vend son bien entre 1498 et 1503 à Jean de Tinténiac, chapelain de la chapelle de Halliquot à la collégiale Saint-Martin d´Angers en 1503 et futur doyen de cette collégiale (attesté dans cette fonction en 1518, personnage à ne pas confondre avec son frère aîné de même prénom, abbé de Saint-Aubin). C´est à cette période du 15e siècle finissant qu´appartient le grand corps de logis et une haute tour d´escalier, ainsi qu´une aile secondaire en retour sur la cour d´entrée. Intérieurement, subsistent une cheminée d´origine dans l´étage de comble et plusieurs coussièges aménagés dans les ébrasements de fenêtres. Construite sur l´ancien jardin Ménart, la demeure voisine (n° 5-7) d´aspect plus modeste et également de la fin du 15e siècle (étudiée séparément), correspond probablement au petit corps de logis cité dans les textes du milieu du 16e siècle comme partie de l´hôtel de Tinténiac.

La vente de cet ensemble en 1537, trois ans après le décès du doyen, par son neveu Pierre de Tinténiac, seigneur du Percher, à Jean de Crespy et son épouse Jeanne de Mollinet, est suivie en 1548 d´une nouvelle vente par les héritiers à Jeanne de Sernon, veuve de Louis d´Antenaise : ce dernier document fournit les antécédents de propriété et des données descriptives : grand et petit corps de logis, grand jardin séparé en vis-à-vis sur le haut de la place du Tertre (partie ouest des n° 18-20) et étable également isolée (n°2 rue de la Bouteille). En 1583, l´hôtel est aux mains de Mathurin Goheau, sieur de la Brossardière : il ne comprend plus le petit logis, mais s´enrichit d´un jardin d´agrément (n° 11).

Dans la 1ère moitié du 17e siècle, un nouveau corps d´habitation en front de rue est édifié le long de ce jardin, dont le mur de clôture est récupéré au rez-de-chaussée, ainsi que sa porte murée. Ce logis conserve intérieurement, à l´entrée du vestibule qui relie la rue au jardin, la trace d´un petit escalier, sans doute supprimé lors des remaniements du 19e siècle. Il est l´oeuvre de Jean Gabory, sieur de la Lande, ou plus probablement de son successeur Jacques Grandet de la Plesse, conseiller du roi et lieutenant en la maréchaussée d'Anjou, attesté dans les lieux en 1643. C´est à cette famille, qui possède l'hôtel pendant un siècle et lui laisse son nom, que l´on peut attribuer les remaniements au 17e siècle de la façade sur jardin du grand corps de logis (porte, fenêtres et lucarnes) et de l´aile en retour sur cour (fragments de corniche à petits modillons). Diverses acquisitions alentours étendent alors le patrimoine Grandet : réintégration du petit logis (n° 5-7) en 1644, puis achat de maisons en bordure du grand jardin sur le Tertre (partie nord-est du n° 18 de la place), ainsi que dans la petite impasse Lanchenault.

Fils aîné du lieutenant, le curé Joseph Grandet, célèbre figure de l´Eglise angevine (directeur du grand séminaire) et historien local, hérite du logis sur rue (n° 11) et du jardin attenant (?), ainsi que du grand jardin avec maison sur le Tertre, lors du partage de la succession de son père en 1691. Le logis principal (n° 9) revient à François, maire d´Angers, tandis que le petit logis (n° 5-7) est dévolu à leur soeur Marie Robin de Sazillé.

Dans la 1ère moitié du 18e siècle sont effectués divers aménagements, pour les héritiers Grandet ou plus probablement pour la famille de Dieusie qui leur succède à partir de 1743 : modification de façade et de couverture à l'angle antérieur droit du logis, liée à la création d'un salon d'étage, transformation de la croisée inférieure en porte-fenêtre avec degrés sur cour (amenant à déplacer l´accès à la tour d´escalier), modernisation des cheminées, lambrissage des salons (au 1er étage du corps principal et au rez-de-chaussée de l'aile postérieure, édification du portail sur la cour d'entrée. Des travaux se poursuivent dans le 4e quart du 18e siècle comme l´atteste le décor de plafond du salon d´étage, sans doute sous la conduite de l´entrepreneur François Delaunay. En effet, celui-ci passe un marché de « réparations » le 31 mai 1776, cité le 12 juin suivant dans la vente de Louis de Dieusie à Françoise de Lesrat, dernière propriétaire avant la Révolution, tenue d´honorer ce contrat.

En 1815, Pélagie Le Camus, héritant de Françoise de Lesrat, vend l´hôtel à Perrine Lafontaine de Follin en 1819, qui en fait don à l´évêché en 1825. Celui-ci s´en dessaisit en 1855 au profit de la congrégation des soeurs de l'instruction chrétienne de Saint-Gildas-des-Bois en Loire-Atlantique (1853-1972), qui réduisit notamment l´ouverture du portail d´entrée sur cour, avec niche et croix de couronnement (l´aspect du 18e siècle a été depuis rétabli). Un bâtiment en rez-de-chaussée (préau, salle de classe ?) en bordure ouest du jardin amène le déplacement de la porte du logis 17e siècle (rétabli depuis). L´association Notre-Dame de Lourdes acquiert l´édifice en 1964 pour y établir son école ; puis le vend à la ville d´Angers en 1972, qui le cède à son tour à l´actuel propriétaire en 1975. Les nombreux remaniements intérieurs occasionnés par l´activité éducative, sur près de deux siècles, ont été gommés lors des dernières restaurations.


Campagnes de restauration :

L'état d'abandon de l'édifice, lors de son acquisition en 1975, nécessitait que soient réalisés d'importants travaux. Trois campagnes importantes de restauration sont intervenues entre1976 et 1992, suivies ultérieurement d'interventions plus ponctuelles.

La première, en 1976, a concerné les deux corps de logis sur cour sous la direction de l´architecte Henri Enguehard et son associé Guy Lamaison ; à cette occasion furent retrouvés les volumes originels des pièces (suppression des cloisons dues aux précédentes institutions religieuses) et rétablie la porte d´entrée initiale de la tour d´escalier (modifiée au 18e siècle) ; dans l´aile sur cour furent aussi supprimés un petit niveau d´entresol (non daté) et un passage couvert vers une coursive de service aménagée au revers sud du logis (en direction du jardin) ; un corps de communs sous appentis, à l´est de la cour et en mitoyenneté du petit logis (n° 5-7), qui datait probablement du 19e siècle (visible sur le plan cadastral de 1840), est également détruit à cette époque.

La deuxième en 1984-1985, la plus importante compte tenu de l'état de dégradation avancée, a concerné le corps de logis XVIIe (aile en retour sur rue au 11 rue Malsou), sous la conduite de Dominique Latron, architecte des bâtiments de France : reconstitution intégrale, après relevé photogramétrique par le Service régional de l´Inventaire, de la façade sud, sur jardin ; déplacée au 19e siècle pour l'aménagement d'un escalier en bois, la porte a alors retrouvé sa place d'origine dans l'axe de celle sur rue ; reprise des planchers et de la charpente en carène, nécessitant pour celle-ci une restauration en atelier (Ateliers Perrault) ; celle-ci fut consolidée par des tirants en fer noyés dans la chape en béton du nouveau plancher de l'étage de comble.

La troisième en 1991 et 1992, relative à la façade nord sur rue, a permis d´achever l´opération sur ce corps de logis. Les travaux ont été conduits sous la direction de Pierre Prunet, architecte en chef des Monuments historiques, et de Dominique Latron.

Après ces importantes campagnes, des interventions plus ponctuelles ont été réalisées :

En 1993 : sur la façade est du grand corps de logis XVe, restauration de la travée gothique, à gauche de l´escalier ; les croisées (meneaux et traverses) ont été restituées (celle de la lucarne date de la première restauration, en 1976).

En 1996 : sur le pignon nord du même corps de logis XVe, ravalement et réouverture de la fenêtre du niveau comble (bouchée au 19e siècle) ; réfection des chambranles et des chaînes à bossages du 18e siècle de la travée à droite de la tour d'escalier, qui avaient été supprimés lors de la première restauration.

En 2001 : Reprise du mur de clôture sur rue, avec dégagement du portail originel du 15e siècle.



Annexes

  1. Jean de Tinténiac, doyen de Saint-Martin d´Angers : éléments biographiques

    Les Tinténiac sont originaires de Bretagne, dont un village porte le nom en Ille-et-Vilaine (sur l´axe Rennes - Saint-Malo). Une branche se fixe en Anjou dès le 14e siècle (J. Saillot), dans le Segréen, puis à Angers. Au 15e siècle, Guillaume VII de Tinténiac, seigneur du Percher (commune de Saint-Martin-du-Bois dans le Segréen) et sa femme Marie de Tillon, dont sept enfants, s´allient à la maison d'Andigné par le mariage de leur troisième fils Guillaume VIII avec Jeanne de la Rivière. Des archives seraient de ce fait conservées dans les actes et titres de la maison d´Andigné (1).

    Cinquième fils de Guillaume VII de Tinténiac, détenteur du manoir du Percher, et de Marie Tillon, Jean de Tinténiac est curé (ou prieur) du Lion d´Angers en 1473, résignant à une date non précisée (2).

    A la demande de son frère aîné Simon, seigneur du Percher, et avec l´appui (?) de son second frère Jean, abbé de Saint-Aubin d´Angers en 1493 (mort en 1525), il devient en 1501 chapelain de la chapelle familiale du Percher, celle-ci dédiée à Saint-Aubin (3).

    Puis en février 1503, il fait échange avec le prêtre Jean du Verger, de la chapelle du Percher contre la chapelle de Halliquot à la collégiale Saint-Martin d´Angers. Cette permutation coïncide avec son installation à Angers ; celle-ci s´effectue rue de Saugaultier (actuelle rue Malsou, n° 7-9) entre 1498 (dernière déclaration du précédent propriétaire et tisserand Thibault Ménart) et 1503, où le nom de Tinténiac est cité comme confront de la maison J. Gelé, dans les archives du Ronceray (4). La construction de l´hôtel est donc probablement effectuée autour de 1500, comme le confirme par ailleurs son architecture d´aspect encore gothique.

    Un texte de 1518 atteste que Jean de Tinténiac est alors doyen de Saint-Martin (5). Son entrée dans cette fonction n´est pas connue. L´ouvrage de J. Bruneau de Tartifume en 1623 aurait pu apporter d´utiles précisions sur le sujet, mais il présente malheureusement d´importantes lacunes (pages arrachées) sur la description de l´église collégiale Saint-Martin et des tombeaux qui s´y trouvaient, dont probablement celui du doyen de Tinténiac (6).

    Le 2 août 1529, Hélye de Tinténiac, neveu de Jean le doyen et de Jean l´abbé de Saint-Aubin dont il a pris la succession, intervient en tant que vicaire de son frère Pierre alors seigneur du Percher, pour présenter à nouveau son bien aimé noble et discrète personne maistre Jean de Tinténiac prestre doyen de l´église collégial et royal de monseigneur Saint Martin d´Angers à la chapelle du Percher (7).

    Le doyen Jean de Tinténiac décède en 1533, soit huit ans après son frère abbé, comme le fait savoir la recommandation par Hélye de Tinténiac auprès de l´évêque, de son neveu Jean de Tinténiac (fils de Pierre) comme nouveau titulaire de la chapelle Saint-Aubin du Percher ou des Gauldrées vulgairement appellée, laquelle naguères tenoit et possédoit deffunct vénérable et discrète personne maistre Jean de Tinténiac prestre en son vivant derrenier et immédiat possesseur dicelle à présent vacante par le décès et trespas diceluy deffunct (8).

    Le baron de Wismes dans son Anjou historique en 1854-1862 et Jacques Levron en 1950 (9) confondent les deux frères de même prénom, abbé de Saint-Aubin et doyen de Saint-Martin. Pourtant les différentes notes généalogiques (1) et éditions du Dictionnaire historique de C. Port entre 1876 et 2004 ne font pas cet amalgame. Les textes de présentation de la chapelle du Percher en série E des archives départementales lèvent définitivement le doute sur l´existence des deux personnages.

    Notes :
    (1) ADML : E 4048, Notes de M Bigeaud ; J. Saillot, Dictionnaire des familles de l´Anjou : notice Tinténiac (ADML : 6532/2).
    (2) C. PORT, Dict., 1876, t. 2, p. 522. J. SAILLOT le signale encore en poste au Lion-d´Angers en 1504.
    (3) ADML : E 4048, 30 juin 1501.
    (4) ADML : E 4048, 5 févr. 1502 (1503 n.s), 254 H 481, f. 839 v°.
    (5) ADML : G 1021, fondation de la chapelle du Saint-Esprit à Saint-Martin d´Angers, 18 août 1518.
    (6) Jacques BRUNEAU DE TARTIFUME, Angers contenant tout ce qui est remarquable, 1623, éd. Civrays, 1932.
    (7) ADML : E 4048, 12 août 1529.
    (8) ADML : E 4048, 21 octobre 1533.
    (9) J. LEVRON, L´église collégiale de Saint-Martin d´Angers, Baugé, 1950, p. 13.


  2. Eléments de description architecturale, d´après les archives

    1691 (Succession de Jacques Grandet)

    [François Grandet hérite de la grand maison de ses parents]
    avec la 1ère chambre qui est au bas du degré de la cour de ladite grande maison pour entrer dans la petite maison appartenant à ladite dame Sazillé, à la charge par le dit sieur Grandet maire de faire boucher le porche d´entre ladite première chambre et la boulangerie, de faire rapporter le mur dans lequel est la porte qui va aux lieux qui sont au bout de ladite chambre jusques au niveau du cul de four qui est du côté des dits lieux, pour relaisser le reste de l´espace qui sera derrière libre pour aller de ladite boulangerie audits lieux, à l´effet de quoi sera fait une porte côté boullangerie pour aller aux dits lieux, le tout aux fraiz du sieur Grandet maire qui ne pourra faire faire de four plus gros que celluy qui est présentment construit dans ladite chambre.

    1776 (vente Louis de Dieusie/Françoise de Lesrat)

    [Une maison sur le Tertre Saint-Laurent] composée d´une cour d´entrée avec puits, remise, boulangerie, écurie, chambre de domestique, cave, cuisine, salle, salon boisé, office à côté, un jardin joignant lesdites salle et sallon, chambres hautes, cabinets à côté, et greniers.

    1786 (Déclaration de Françoise de Lesrat au Ronceray)

    Une maison par elle occupée en cette dite ville quartier du Tertre St-Laurent n°3155, laquelle est composée d´une cour d´entrée, un salon, ensuite une salle de laquelle on va dans le jardin, une cuisine, décharge de cuisine, une boulangerie, une écurie, le tout par bas ; une cave régnant sous le salon et sous la cuisine ; au-dessus des dits appartements est une salle avec croisée ouvrante sur un balcon qui a son aspect sur la place du Tertre, une chambre à côté de la dite salle, une autre petite chambre ou cabinet qui joint une tourelle de la dite maison, une autre chambre et deux cabinets donnant sur le jardin et sur la cour, une chambre au-dessus de ces appartements et trois différens greniers dont un règne sur ladite dernière chambre, et un petit cabinet qui a son ouverture sur le palier.

    1819 (vente dame Lecamus/Delle Lafontaine de Follin)

    Une maison située place du Tertre Saint Laurent numéro trois et distribué comme suit :
    Une cour d´entrée exploitée par une porte cochère ouvrant sur la place du Tertre, deux remises, écurie, puits, siège d´aisance et un petit jardin affié (sic : planté) en arbres à fruits ; deux grandes caves voûtées et un caveau ; une cuisine et décharge de cuisine, salle à manger, un petit réduit, une office, un salon boisé ; au premier étage un salon de compagnie également boisé, trois chambres à cheminée, quatre cabinets, deux garde-robes, deux chambres à cheminée de domestiques et un cabinet ; au deuxième étage, trois chambres à cheminée, une froide et quatre greniers au-dessus desdites chambres, le tout exploité par deux escaliers. Font aussi partie de la présente vente les meubles meublant appartenant à madame Lecamus et qui garnissent la dite maison tels que plaques de cheminée, fontaine en marbre, garnitures de fourneaux, glaces, parquets de trumeaux, tapisseries et autres, qu´ils soient immobiles ou non.

    1853 (vente Evêché/congrégation Saint-Gildas)

    Même description. Précision sur les deux escaliers : en pierre

    1972 (vente Centre social d´enfance Notre-Dame de Lourdes/Ville d´Angers)

    Un ensemble immobilier bâti et non bâti situé à Angers, rue Malsou, n°9 et 11, comprenant :
    1. Bâtiment principal constitué :
    a. au rez-de-chaussée : entrée, parloir, cuisine, réfectoire, ouvroir
    b. au premier étage : deux dortoirs et trois chambres particulières
    c. au deuxième étage : une chambre et un grenier
    2. Bâtiments de construction légère à usage de préau et buanderie
    3. Deux cours, dont une donnant sur la rue

    1975 (vente Ville d´Angers/Iogna-Prat)

    1. Bâtiment principal de construction ancienne avec murs de pierre et tuffeau, couverture d´ardoises, composé d´un rez-de-chaussée et de deux étages
    2. Dépendances bâties, bâtiments de construction légère à usage de préau et buanderie
    3. Deux cours donnant sur la rue




Illustrations

Fig. 1
Vue de situation.
Fig. 2
Plan-masse et de situation. D'après le plan cadastral, 1970, éd. 1988, section AO, parcelle 176, éch. 1 : 1 000, agrandi.
Fig. 3
Plan-masse et de situation. D'après le plan cadastral, 1840, section G, parcelle 131, éch. 1 : 1 000.
Fig. 4
Plan schématique de couverture.
Fig. 5
Plan du rez-de-chaussée. D'après le relevé de Baldet, René, 1961, éch. originale 1 : 100.
Fig. 6
Plan du 1er étage. D'après le relevé de R. Baldet, 1961, éch. originale : 1 : 100.
Fig. 7
Plan de l'étage de comble. D'après le relevé de R. Baldet, 1961, éch. originale 1 : 100.
Fig. 8
Aile postérieure (logis 17e) : élévation sur rue avant restauration, restitution photogrammétrique par Pascal Castral (atelier de photogrammétrie de l'Inventaire général), 1984, éch. originale 1 : 100, réduit.
Fig. 9
Aile postérieure (logis 17e) : élévation sur jardin avant restauration, restitution photogrammétrique par P. Castral (atelier de photogrammétrie de l'Inventaire général), 1984, éch. originale 1 : 100, réduit.
Fig. 10
Plans du rez-de-chaussée et des étages, par R. Baldet, 1961.
Fig. 11
Plan du rez-de-chaussée, par R. Baldet, 1961.
Fig. 12
Plan du 1er étage, par R. Baldet, 1961.
Fig. 13
Plan de l'étage de comble, par R. Baldet, 1961.
Fig. 14
Plan du sous-sol, par H. Enguehard, 1975.
Fig. 15
Aile antérieure, plan de l'entresol (état disparu), par H. Enguehard, 1975.
Fig. 16
Corps principal, coupe transversale (vue partielle du document sans le sous-sol), par H. Enguehard, 1975.
Fig. 17
Coupe transversale de l'aile postérieure 17e et élévation sur jardin du corps principal, par H. Enguehard, 1974.
Fig. 18
Corps principal, élévation antérieure sur la cour d'entrée, projet de restauration, par H. Enguehard, 1976.
Fig. 19
Vue sur la rue Malsou depuis l'est, eau-forte par V. Huault-Dupuy, fin du 19e siècle-début 20e siècle.
Fig. 20
Vue d'ensemble axé sur la cour d'entrée, lithogr., par E. Morel, 1872.
Fig. 21
Vue de situation, depuis la place du Tertre, photogr., de G. Karcher, [v. 1975].
Fig. 22
Corps principal, façade sur jardin avant restauration : partie gauche, de face, photogr., [v. 1975].
Fig. 23
Corps principal, façade sur jardin avant restauration : étages, photogr., [v. 1975].
Fig. 24
Corps principal, façade sur jardin avant restauration : partie gauche, vue de trois-quarts, photogr., [v. 1975].
Fig. 25
Corps de logis 17e siècle, en cours de restauration, photogr., de P. Iogna-Prat, 1985.
Fig. 26
Corps de logis 17e siècle, charpente lors de sa restauration dans les ateliers Perrault, photogr., de P. Iogna-Prat, 1985.
Fig. 27
Logis 17e siècle, façade sur rue après restauration, photogr., de P. Iogna-Prat, 1993.
Fig. 28
Vue d'ensemble, sur la cour d'entrée et sur la rue Malsou.
Fig. 29
Corps principal, façades sur cour et rue.
Fig. 30
Corps principal, vue de situation en contrebas du portail, sur la rue Malsou.
Fig. 31
Mur de clôture : portail originel muré entre l'actuel portail et le corps de logis principal.
Fig. 32
Corps principal, façade sur cour.
Fig. 33
Tour d'escalier, face nord : porte d'entrée.
Fig. 34
Aile antérieure, façade sur cour.
Fig. 35
Pignon gauche du corps principal et élévation postérieure de l'aile sur cour, vus depuis le sud-est.
Fig. 36
Corps principal, façade postérieure, sur le jardin.
Fig. 37
Aile postérieure (logis 17e), façade sur rue.
Fig. 38
Aile postérieure (logis 17e), porte sur rue.
Fig. 39
Aile postérieure (logis 17e), façade sur le jardin.
Fig. 40
Aile postérieure (logis 17e), façade sur jardin, travée gauche : porte murée.
Fig. 41
Aile postérieure (logis 17e) : versant sud (sur jardin) du toit en carène, avant restauration.
Fig. 42
Aile postérieure (logis 17e) : élévation sur jardin, après restauration.
Fig. 43
Tour d'escalier en vis, palier du premier étage : à droite, porte d'accès au corps de logis principal ; à gauche, autre porte (?) murée d'accès.
Fig. 44
Tour d'escalier en vis : la vis à hauteur du palier du 1er étage.
Fig. 45
Tour d'escalier en vis : porte d'accès au comble du corps de logis principal.

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Fig. 46
Corps principal, rez-de-chaussée : actuel séjour, vue d'ensemble vers nord-ouest.
Fig. 47
Corps principal, rez-de-chaussée : actuel séjour, fenêtre sur cour et porte vers la cuisine dans l'aile antérieure.
Fig. 48
Corps de logis principal, grande pièce du rez-de-chaussée, mur est : porte d'accès vers l'aile antérieure sur la cour d'entrée.

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Fig. 49
Aile postérieure (logis 17e), rez-de-chaussée : pièce lambrissée, vue d'ensemble vers l'ouest, côté cheminée.
Fig. 50
Corps de logis principal, premier étage, couloir longeant l'élévation d'entrée : partie antérieure de la poutre sud portant des restes de peinture.
Fig. 51
Corps de logis principal, premier étage, couloir longeant l'élévation d'entrée : partie antérieure de la poutre sud portant des restes de peinture, sous face.

Image non disponible

Fig. 52
Corps principal, pièce droite du 1er étage, mur gauche : détail sur le lambris de jauteur.

Image non disponible

Fig. 53
Aile antérieure, 1er étage, pièce extrême est - mur ouest.
Fig. 54
Corps principal, étage de comble, vue partielle de la charpente et pignon sud, avec fenêtre à coussiège et cheminée.
Fig. 55
Aile postérieure (logis 17e), comble : vue d'ensemble de la charpente, d'est en ouest.
Fig. 56
Aile postérieure (logis 17e), comble, angle nord-ouest de la charpente, vers la tourelle en surplomb.
Fig. 57
Tour d'escalier en vis, chambre haute : la porte d'entrée vue depuis le comble du corps principal.
Fig. 58
Tour d'escalier en vis, chambre haute : restes de la cheminée d'origine sur le mur latéral sud.
Fig. 59
Tour d'escalier en vis : la chambre haute, vue depuis l'entrée, avec contre le mur la porte ancienne d'accès (?) déposée.
Fig. 60
Corps de logis principal : sous-sol, partie centrale avec au centre, l'escalier d'accès débouchant sur la face antérieure de la tour d'escalier en vis. Vue depuis la face postérieure de la cave.

Voir

Angers, Présentation de l'aire d'étude Angers intra-muros
Angers, Centre-ville (quartier), Demeures du centre historique (intra-muros)
Angers, Centre-ville (quartier), L'habitat communal

Voir aussi

Angers, Centre-ville (quartier), Malsou (rue) 5, 7, Hôtel dit Petit Logis de Tinténiac

Région des Pays de la Loire - Service du Patrimoine / Ville d'Angers - Service Patrimoine Historique, Inventaire. Chercheur(s) : Letellier-d'Espinose Dominique ; Biguet Olivier. (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général ; (c) Ville d'Angers. Renseignements : Centre de ressources, 1 rue de la Loire, 44966 Nantes cedex 9, tél. 02 28 20 54 70 - courriel : doc.patrimoine@paysdelaloire.fr - Document produit par Renabl6 : (c) Pierrick Brihaye (Région Bretagne) / Yves Godde (Ville de Lyon)