Inventaire général du patrimoine culturel
Région des Pays de la Loire/Service du Patrimoine
Ville d'Angers - Service Patrimoine Historique, Inventaire
inventaire topographique

Pays de la Loire, Maine-et-Loire

Angers, Centre-ville (quartier), Lenepveu (rue) 32 bis ; Espine (rue de l') 8

Hôtel de Pincé, actuellement musée Pincé

Type de dossier : individuel Oeuvre sélectionnée Date de l'enquête : 1983

Références documentaires

Référence de la même oeuvre dans le domaine MH : PA00108892

Désignation

Dénomination : hôtel
Appellation et titre : hôtel de Pincé
Destinations successives et actuelles de l'édifice : musée
Partie(s) constituante(s) non étudiée(s) : cour ; jardin ; puits ; communs

Compléments de localisation

Référence(s) cadastrale(s) : 1840 H2 513, 514 ; 1980 BS 193, 200 ; 1999 BS 193, 200
Numéro INSEE de la commune : 49007
Aire : Angers intra-muros
Canton : Angers Centre
Milieu d'implantation : en ville

Historique

Commentaire historique : L'hôtel de Pincé est construit à partir de 1522 (date d'acquisition du fonds) pour Jean de Pincé, sieur du Bois de Savigné, lieutenant-criminel en la sénéchaussée d'Anjou, maire en 1538, à l'emplacement d'une maison dite les Créneaux. Les bustes et les armoiries du maître d'ouvrage et de sa femme Renée Fournier sont visibles dans des médaillons des façades principales et intérieurement sur les cheminées, la voûte du vestibule et le plafond de la grande salle du rez-de-chaussée.

La construction de l´hôtel a commencé par le corps principal gauche et la tour d'escalier. Le corps de logis droit, édifié dans un second temps, portait la date 1535 sur des cartouches maintenant disparus qui ornaient les pilastres de la fenêtre antérieure du premier étage : la date portée, actuellement visible sur le pilastre droit de la fenêtre du rez-de-chaussée, est moderne (décor porté étudié). Les historiens du 17e siècle accordaient l'ensemble du bâtiment à l'architecte Jean Delespine, mais ceux du 19e siècle ne lui reconnaissaient que la partie droite : il paraissait en effet trop jeune à la date de conception initiale. Néanmoins l´analyse stylistique laisse penser qu´il aurait pu diriger le chantier plus précocement et être l´auteur des éléments les plus remarquables - lucarnes, voûtes du corps d´escalier - des parties les plus anciennes (qui ne sont pas homogènes).

Une déclaration au fief de Saint-Maurille de 1541 décrit sommairement l'hôtel tel qu'il se présente encore aujourd'hui mais signale aussi une galerie sur la cour antérieure, détruite à une date indéterminée. Il subsiste de nombreux éléments intérieurs d'origine : voûtes d'escalier, du vestibule, de cabinet, porte, niches, plafonds (sculpture étudiée). Les cheminées sont par contre modernes, à l'exception de celle du comble du corps principal gauche.

Dans la 1ère moitié du 17e siècle, un corps de communs est bâti dans le prolongement de l'aile droite, rue de l'Espine, sur un terrain acquis en 1558 par Christophe de Pincé (à l´origine, les communs occupaient une parcelle sur l´autre côté de la rue de l´Espine).

A une date inconnue, le corps d'escalier perd sa couverture. Elle est restituée lors de la restauration générale de l'hôtel, entreprise par l'architecte des Monuments historiques Lucien Magne de 1880 à 1886. Dans le cadre de cette restauration, l'étage-attique de l'aile droite que l'architecte Magne considérait comme un rajout du 17e siècle a été supprimé : altérée côté cour, cette partie présentait pourtant sur la rue de l'Espine une arcature dont les arcs en plein-cintre avec clés à palmette correspondaient pleinement à la date de 1535. La cour antérieure a été par ailleurs fortement agrandie pour rejoindre la nouvelle rue Lenepveu et un bâtiment de conciergerie a remplacé le corps de bâtiment décrit en 1542. En juillet 1889, l´édifice est inauguré pour devenir le musée Turpin-de-Crissé, puis vers 1950, il abrite les collections d´antiquités méditerranéennes et d´arts d´Asie. Dans les années 1930 puis 1970, l´hôtel de Pincé fait encore l´objet de restaurations importantes et une quatrième est à nouveau envisagée.
Datation(s) principale(s) : 2e quart 16e siècle ; 1er quart 17e siècle
Datation(s) secondaire(s) : 4e quart 19e siècle
Date(s) : 1535
Justification de la datation : porte la date
Auteur(s) : Delespine Jean (architecte) ; Magne Lucien (architecte des Monuments historiques)
Justification de l'attribution : attribution par travaux historiques ; attribution par source
Personne(s) liée(s) à l'histoire de l'oeuvre : Pincé du Bois de Savigné Jean de (commanditaire)

Description

Commentaire descriptif : Hôtel constitué de deux corps de logis, de part et d´autre d´un corps d´escalier, formant un plan en équerre sur la cour antérieure. Le gros-oeuvre est en schiste, mais les élévations sur cour et sur rue sont parementées en tuffeau. L´ensemble des élévations est à travées. Le corps principal, à gauche, est à un étage carré et comble à surcroît ; celui de droite était initialement à deux étages carrés (un étage carré et un étage-attique) et étage de comble, devenu après restauration à un étage carré et étage de comble. Les couvertures sont à longs pans et pignons découverts sauf la face antérieure du corps droit, dotée d´une croupe (initialement ce corps était à deux croupes). Le corps d´escalier est couvert d´un toit en pavillon ; les cabinets en encorbellement du corps de logis droit sont également à toit en pavillon mais avec une croupe ronde sur la rue de l´Espine. L´escalier est une vis en maçonnerie contenue dans la partie antérieure du corps d´escalier, occupé pour sa partie postérieure par des cabinets superposés. Les sous-sols sont voûtés de berceaux segmentaires, en schiste et en tuffeau ; en raison de la déclivité du terrain, les parties postérieures correspondent à un étage de soubassement (rue de l'Espine, cour arrière). En contrebas du logis, sur la même rue, la cour arrière est accessible par un corps de communs, avec ouvertures à bossages.
Matériau(x) de gros-oeuvre et mise en oeuvre : tuffeau ; calcaire ; moyen appareil ; schiste ; moellon ; enduit partiel ; appareil mixte ; bossage
Matériau(x) de couverture : ardoise
Parti de plan : plan régulier en L
Vaisseau(x) et étage(s) : sous-sol ; étage de soubassement ; 1 étage carré ; comble à surcroît
Parti d'élévation extérieure : élévation à travées
Type de la couverture : toit à longs pans ; pignon découvert ; croupe ; toit en pavillon ; croupe ronde ; appentis
Emplacement, forme et structure de l'escalier : escalier hors-oeuvre : escalier en vis sans jour, en maçonnerie
Technique du décor : sculpture (étudiée dans la base Palissy) ; sculpture ; menuiserie
Représentation : colonne, ornement géométrique ; pilastre, rinceau, couronne végétale, armoiries, balustre ; triangle, losange
Précision sur la représentation : La cheminée ancienne du comble du logis de gauche présente des piédroits en forme de colonne avec des consoles portant un manteau à motif de triangles et losanges. Les autres cheminées, modernes, sont à décor Renaissance plus ou moins orné : la plus riche dans la grande salle du rez-de-chaussée présente un décor de pilastres, de rinceaux et de frise de balustres, de couronnes végétales avec les blasons des commanditaires. Les portes donnant sur l'escalier sont d'un style François 1er, avec des panneaux à motifs de triangles et losanges.
Typologie : Hôtel à cour antérieure (type A).
Etat de conservation : restauré

Intérêt de l'oeuvre

Intérêt de l'oeuvre : à signaler
Elément(s) remarquable(s) : élévation ; escalier ; échauguette ; voûte ; plafond
Observations : L´un des plus célèbres hôtels particuliers d´Angers, particulièrement représentatif de la Première Renaissance en France, tant sur le plan de l´architecture - mise en valeur ostentatoire de la tour d´escalier - que du décor extrêmement couvrant. Si la sculpture extérieure fut largement restaurée, celle - intérieure - conserve encore de belles parties authentiques, notamment la voûte de l´escalier, le cabinet à voûtes plates de l´entresol de l´escalier et de remarquables plafonds. A signaler notamment la trompe d´angle sous le coin du cabinet antérieur de l´aile droite, ouvrage réputé de stéréotomie, qui semble la première du genre en France. Seul témoin d´importance, localement, de cette période stylistique, l´hôtel Pincé constitue un maillon essentiel dans l´histoire architecturale angevine, d´autant qu´il est attribué au plus grand architecte de la province, Jean Delespine, dont l´oeuvre, désormais largement redécouverte, couvre à la fois la Première et la Seconde Renaissance.

Situation juridique

Statut de la propriété : propriété de la commune
Date(s) et nature de la protection MH : 1875 : classé MH
Précisions sur la protection : Hôtel Pincé (cad. 1980 BS 193) : classement par liste de 1875.

Vue de situation.


Illustrations

Fig. 1
Vue de situation.
Fig. 2
Plan-masse et de situation. D'après le plan cadastral, 1971, éd. 1980, section BS, parcelles 193, 200, éch. 1 : 500.
Fig. 3
Plan-masse et de situation. D'après le plan cadastral, 1840, section H2, parcelles 513, 514, éch. 1 : 1 000.
Fig. 4
Plan schématique de couverture.
Fig. 5
Plans des niveaux principaux et des niveaux secondaires (cabinets d´entresols, tour d´escalier), 1961.
Fig. 6
Plans du rez-de-chaussée et des différents étages, coupe transversale : état avant restauration, par F. Duban, 1861.
Fig. 7
Projet de restauration : plan général du rez-de-chaussée et plans de la cage d'escalier, par L. Magne, 1876-1877.
Fig. 8
Façade sur la rue de l'Espine, dessin, par A. Maillard, [19e siècle, ap. 1866].
Fig. 9
Projet de restauration : élévations orientées à l'est, vers la rue Lenepveu, dessin aquarellé, par L. Magne, 1876.
Fig. 10
Projet de restauration : élévations nord, vers la rue de l'Espine, dessin aquarellé, par L. Magne, 1876.
Fig. 11
Projet de restauration : corps de logis droit, travée sur la cour d'entrée, dessin, par L. Magne, 1876.
Fig. 12
Projet de restauration : détail sur la travée gauche (est) de la façade orientée rue de l'Espine et autres motifs sculptés de l'édifice, dessin, par L. Magne, 1876-1877.
Fig. 13
Projet de restauration : détails d'élévations, (tourelle, troupe, porte sur cour), par L. Magne, 1876-1877.
Fig. 14
Projet de restauration : coupes et détails intérieurs de l'escalier, 1876-1877.
Fig. 15
Projet de construction du pavillon du concierge : plan du rez-de-chaussée et coupe transversale, par L. Magne, 1881.
Fig. 16
Projet de construction du pavillon du concierge : élévation antérieure, par L. Magne, 1881.
Fig. 17
Projet de construction du pavillon du concierge : élévation latérale droite, par L. Magne, 1881.
Fig. 18
Angers. Hôtel des ducs d'Anjou (Anjou), gravure, 19e siècle.
Fig. 19
Vue d'ensemble avant restauration, depuis la rue Lenepveu, gravure, par E. George, 19e siècle.
Fig. 20
Vue d'ensemble depuis la rue Lenepveu, avant restauration, photogr., par Dubut, [v. 1875].
Fig. 21
La tour d'escalier, avant restauration, photogr., de E. Longrois, 3e quart 19e siècle.
Fig. 22
Elévation antérieure du corps de logis droit, avec la tourelle sur trompe au 1er plan, avant restauration, photogr., de E. Longrois, [3e quart 19e siècle].
Fig. 23
Corps de logis droit, travée de l'élévation antérieure et trompe de la tourelle antérieure droite, avant restauration, photogr., de E. Longrois, [3e quart 19e siècle].
Fig. 24
Logis : élévation postérieure, photogr., fin 19e siècle.
Fig. 25
Ensemble, sur cour antérieure.
Fig. 26
Ensemble, sur cour antérieure : vue rapprochée.
Fig. 27
Corps de logis gauche, pignon gauche, souche de cheminée : figure d'enfant portant une épée et un blason aux armes de Pincé.
Fig. 28
Corps de logis gauche, pignon gauche, culot du conduit de cheminée : animal fabuleux.
Fig. 29
Corps de logis gauche, élévation antérieure, crossette du pignon : enfant et lucarne de gauche en vue latérale.
Fig. 30
Couverture de l'escalier principal et couronnement de l'escalier d'accès à la chambre haute.
Fig. 31
Corps de logis gauche : élévation antérieure.
Fig. 32
Détail : travées du logis gauche et de l'escalier, rez-de-chaussée, (photo horizontale).
Fig. 33
Corps de logis droit : élévation antérieure.
Fig. 34
Corps de logis droit : façade sur la rue de l'Espine.
Fig. 35
Logis, parties hautes vues depuis la rue de l'Espine. Au 1er plan, entablement de la tourelle sur trompe.
Fig. 36
Corps de logis droit : façade sur la rue de l'Espine.
Fig. 37
Corps d'escalier, élévation latérale droite, partie haute.
Fig. 38
Corps de logis droit, élévation sur la rue de l'Espine, tourelle droite : partie inférieure.
Fig. 39
Vue d'ensemble des élévations postérieures.
Fig. 40
Corps de logis gauche (sud), élévation postérieure, baie gauche du 2e niveau : partie supérieure droite de la plate-bande.
Fig. 41
Cage de l'escalier, rez-de-chaussée : base de la vis et porte d'accès à l'étage de soubassement.
Fig. 42
Corps d'escalier, 1er niveau, vestibule entre les deux corps : vue d'ensemble avec la voûte et la porte d'accès au corps de logis droit.
Fig. 43
Cage de l'escalier, première révolution, mur latéral droit avant la première niche.
Fig. 44
Cage de l'escalier, fin de la première révolution avec porte d'accès au corps de logis gauche (pièce postérieure du 2e niveau).
Fig. 45
Corps d'escalier, cabinet du 2e niveau : vue d'ensemble vers l'entrée.
Fig. 46
Corps d'escalier, cabinet du 2e niveau : vue d'ensemble depuis l'entrée.
Fig. 47
Cage de l'escalier, deuxième révolution, avec porte d'accès au premier étage du corps de logis droit.
Fig. 48
Cage de l'escalier, portes d'accès au corps de logis gauche : à gauche, à la grande salle du 1er étage, à droite à une pièce postérieure, correspondant à un 3e niveau.
Fig. 49
Cage de l'escalier, partie haute de la troisième révolution.
Fig. 50
Voûte escalier.
Fig. 51
Corps d'escalier, cabinet du 3e niveau, angle antérieur droit : trompe et volume de l'escalier d'accès à la chambre haute.
Fig. 52
Corps d'escalier, voûte de l'escalier d'accès à la chambre haute.
Fig. 53
Corps de logis gauche, rez de-chaussée : pièce antérieure, angle antérieur gauche.
Fig. 54
Corps de logis gauche, rez-de-chaussée, pièce antérieure, mur gauche : cheminée, vue d'ensemble.
Fig. 55
Corps de logis droit, rez-de-chaussée, pièce antérieure, mur latéral droit : cheminée.
Fig. 56
Corps de logis droit, rez-de-chaussée, pièce postérieure, mur postérieur : cheminée.
Fig. 57
Corps de logis droit, 1er étage, mur postérieur : cheminée.
Fig. 58
Corps de logis gauche, étage de comble, mur gauche : cheminée.
Fig. 59
Etage de soubassement : départ de l'escalier.
Fig. 60
Etage de soubassement, pièce située sous le vestibule, mur antérieur : puits et accès à la cage d'escalier.
Fig. 61
Corps de logis gauche : sous-sol, vue d'ensemble vers le mur antérieur, avec à gauche la porte vers l'escalier et un accès muré à une cave sous la cour.
Fig. 62
Communs : élévation sur la rue de l'Espine.
Fig. 63
Elévation antérieure.
Fig. 64
Elévation postérieure, trois-quarts de droite, depuis le sud-est (logis Pincé).
Fig. 65
Corps de communs : élévation sur la cour.

Voir

Angers, Présentation de l'aire d'étude Angers intra-muros
Angers, Centre-ville (quartier), Demeures du centre historique (intra-muros)
Angers, Centre-ville (quartier), L'habitat communal

Région des Pays de la Loire - Service du Patrimoine / Ville d'Angers - Service Patrimoine Historique, Inventaire. Chercheur(s) : Letellier-d'Espinose Dominique ; Biguet Olivier. (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général ; (c) Ville d'Angers. Renseignements : Centre de ressources, 1 rue de la Loire, 44966 Nantes cedex 9, tél. 02 28 20 54 70 - courriel : doc.patrimoine@paysdelaloire.fr - Document produit par Renabl6 : (c) Pierrick Brihaye (Région Bretagne) / Yves Godde (Ville de Lyon)