Inventaire général du patrimoine culturel
Région des Pays de la Loire/Service du Patrimoine
Ville d'Angers - Service Patrimoine Historique, Inventaire
inventaire topographique

Pays de la Loire, Maine-et-Loire

Angers, Centre-ville (quartier), Hommeau (rue de l') 32

Hôtel Gohier de la Jarillaye

Type de dossier : individuel Oeuvre sélectionnée Date de l'enquête : 1979

Références documentaires

Référence de la même oeuvre dans le domaine MH : PA00108921

Désignation

Dénomination : hôtel
Appellation et titre : hôtel Gohier de la Jarillaye
Partie(s) constituante(s) non étudiée(s) : cour

Compléments de localisation

Référence(s) cadastrale(s) : 1840 G 586 ; 1980 AO 79 ; 1999 AO 79
Numéro INSEE de la commune : 49007
Aire : Angers intra-muros
Canton : Angers Nord
Milieu d'implantation : en ville

Historique

Commentaire historique : L'édifice conserve du 15e siècle le corps de logis d´angle A (coffre mural et charpente), ainsi que des éléments de maçonnerie sur les arrières du logis E. Il est fortement remanié et agrandi dans la deuxième moitié du 16e siècle (reprise sur rue du logis A, édification du logis D à deux étages carrés, de la tour d´escalier B et de la galerie en pan de bois adjacente). Celle-ci montre côté rue, au-dessus de la baie du 1er étage, une sentence gravée sur un bandeau à deux fasces : garde toi bien de tomber en affaires, peu sont amis en fortune contraire. A la charnière des 16e et 17e siècles, est engagée la surélévation du logis D par un 3e étage carré (inachevé) et le projet (abandonné) d´une aile de même hauteur en retour sur la cour d´entrée, à l´emplacement du logis E. Ces travaux sont peut-être dus à la famille Gohier de la Jarillaye, propriétaire durant la 1ère moitié du 17e siècle. La demeure passe ensuite aux Guérin de Mouriou, de Boisrobert, Pinson (en 1769). La 2e moitié du 18e siècle voit de nouveaux travaux, avec notamment la reconstruction (inaboutie) des logis en fond de cour E et F, la reprise ponctuelle de baies et des embellissements intérieurs (cheminées, lambris). Les bâtiments annexes de service G et H semblent dater de la 1ère moitié du 19e siècle (en place sur le plan cadastral de 1840). Restauration en cours en 2009-2010 (sauf logis E et F), précédée d'une étude de bâti par le service départemental de l'archéologie (cf. Annexes).
Datation(s) principale(s) : 15e siècle ; 2e moitié 16e siècle ; limite 16e siècle 17e siècle ; 2e moitié 18e siècle
Datation(s) secondaire(s) : 1ère moitié 19e siècle

Description

Commentaire descriptif : Situé à l´angle des rues de l´Hommeau et Vauvert, le logis A de plan carré présente un étage carré et étage de comble avec toit à longs pans. Il est enveloppé sur la cour d´entrée par le logis D, de plan rectangulaire à trois étages carrés et dont le sommet inachevé est en appentis ; il est prolongé, au revers du logis A, d´un volume massé à deux étages carrés doté d´un pan arrondi, également découronné et coiffé d´un appentis. A la jonction des deux logis, le corps d´escalier (vis à gros noyau en tuffeau et marches d´ardoise) à toit en pavillon, est flanqué sur la cour d´une galerie en pan de bois ultérieurement essentée d´ardoise, aujourd'hui en cours de dégagement. Tous ces corps de bâtiments sont en schiste. Les logis E et F en fond de cour sont à deux étages et couverture en appentis vers l´arrière, avec élévation antérieure en tuffeau à deux travées ; le premier distribué par le logis D, le second par un escalier spécifique de pierre, en équerre, pour gagner le 1er étage. Les bâtiments de services, sur les cours d´entrée et postérieure, présentent un seul niveau sous terrasse ou appentis.
Matériau(x) de gros-oeuvre et mise en oeuvre : schiste ; moellon sans chaîne en pierre de taille ; moellon ; enduit partiel ; tuffeau ; moyen appareil ; bois ; pan de bois ; essentage d'ardoise ; appareil mixte
Matériau(x) de couverture : ardoise
Vaisseau(x) et étage(s) : sous-sol ; 3 étages carrés ; étage de comble
Parti d'élévation extérieure : élévation à travées
Type de la couverture : toit à longs pans ; appentis ; toit en pavillon ; pignon découvert ; pignon couvert ; noue
Emplacement, forme et structure de l'escalier : escalier hors-oeuvre : escalier en vis sans jour, en maçonnerie
Technique du décor : décor stuqué ; menuiserie
Représentation : fruit ; trophée, instrument de musique, carquois, colombe, cor de chasse, fusil, oiseau, lapin, feuille, raisin, pilastre, ordre ionique ; ornement géométrique
Précision sur la représentation : Deux dessus-de-porte au rez-de-chaussée de la cage d'escalier figurent une longue table et un buffet garni (victuailles, bouteilles, fruits) : indication probable de l'accès aux salon et salle-à-manger. Ces deux pièces présentent des trophées sur les cheminées et lambris : dans la première, carquois et colombes sur le trumeau entre les deux fenêtres, instruments de musique dont un luth sur la cheminée ; dans la seconde, thème de la chasse, entre deux pilastres ioniques, sur la cheminée. Les ouvertures de l'escalier possèdent des vantaux de porte et fenêtres à panneaux géométriques.
Typologie : Hôtel à cour antérieure (type A).

Intérêt de l'oeuvre

Intérêt de l'oeuvre : à signaler
Elément(s) remarquable(s) : galerie ; lambris ; cheminée
Observations : Cet édifice retient l´attention autant par sa complexité chronologique que par la succession de projets engagés et interrompus. Un bel exemple de stratification du bâti en tissu urbain, comme l´a révélée l´étude archéologique. Par ailleurs, le cœur de l´hôtel échappe à toute typologie d´hôtel traditionnel par sa hauteur inhabituelle (3 étages carrés dont le dernier avorté) qui était également projetée pour l´aile en fond de cour, selon un plan en équerre. Cette disposition singulière à la charnière des 16e et 17e siècles est peut-être une manière de compenser l´exiguïté de la parcelle. A noter également d´intéressants éléments pour le 18e siècle : la modénature curieuse de façade et les dessus-de-porte sculptés du vestibule avec leurs motifs insolites de tables garnies.

Situation juridique

Statut de la propriété : propriété privée
Date(s) et nature de la protection MH : 1963/07/16 : inscrit MH partiellement
Précisions sur la protection : Façades sur rue de l'Hommeau et toiture correspondante, pignon sur la rue Vauvert (cad. 1980 AO 79) : inscription par arrêté du 16 juillet 1963.

Vue de situation.


Synthèse

Détail des campagnes de construction
Source : étude de bâti menée par le service départemental de l´archéologie (E. Litoux et J.-Y. Hunot) en août 2009.

Campagne du 15e siècle :

Partie la plus ancienne de l´hôtel, le logis A, à l´angle des rues de l´Hommeau et Vauvert, remonte au 15e siècle ou au début du siècle suivant : une petite fenêtre à accolade en témoigne sur le pignon sud. Par ailleurs, des maçonneries buchées à l´angle nord-est, au 1er étage, suggèrent l´accroche d´un corps de bâtiment à pan de bois en encorbellement qui prolongeait en front de rue ce 1er logis. D´autres maçonneries, notamment une fenêtre à chanfreins, sont observables à l´angle sud-ouest de du logis E reconstruit au 18e siècle.

Dans la 2e moitié du 16e siècle, interviennent plusieurs campagnes de travaux.

Le logis A est embelli par une arcature de baies en plein cintre entre bandeaux au rez-de-chaussée (à l´état de vestiges aujourd´hui), surmontée d´une travée de deux croisées, à l´étage et en comble (la fenêtre de lucarne seule conservée avec ses moulurations à fasces et crossettes).

Peu après, ce logis est augmenté vers nord par le logis D, à deux étages carrés, que prolonge par l´arrière un petit corps de bâtiment carré C avec un angle arrondi donnant sur la petite cour du n° 2 rue Vauvert. Etait-ce une ancienne tour d´escalier (une vis existe en sous-sol sous cette partie) rapidement condamnée quand, toujours dans la 2e moitié du 16e siècle, une tour d´escalier en pavillon (B) fut construite à l´angle des deux logis A et D, à la place du supposé corps de bâtiment 15e siècle en pan de bois ? Sur l´actuelle tour d´escalier vient s´adosser rapidement, au nord, la galerie en pan de bois ouvrant sur la cour antérieure de l´hôtel.

A la fin du 16e siècle ou au début du 17e siècle, le logis D est surmonté d´un 3e étage carré, mais seule son élévation sur cour a été réalisée : le projet est resté inachevé et un appentis de fortune est venu remplacer la toiture initiale à deux longs pans et pignon sur cour. Une porte (qui n´a jamais reçu ses gonds) et des pierres d´attente indiquent qu´une aile en retour vers nord au fond de la cour d´entrée, de même hauteur, aurait dû être édifiée, à l´emplacement actuel du logis E.

La dernière grande phase de travaux date de la 2e moitié du 18e siècle.

L´élévation antérieure (sur rue) du logis A est percée au rez-de-chaussée de deux fenêtres qui condamnent la suite de fenêtres en plein cintre et la baie du 1er étage est remaniée. Le rez-de-chaussée du logis D, sur la cour d´entrée, est également repris. En fond de cour, deux logis mitoyens sont entrepris (E et F), avec remplois de maçonneries du 15e siècle (arrière du logis E). Mais ils sont eux-mêmes restés inachevés : le second étage carré sur la cour d´entrée éclaire de ce fait (et masque) un comble sous appentis s´appuyant au revers sur des élévations tronquées. Les deux façades sur cour présentent une unité stylistique, mais les deux logis sont dissociés sur un plan distributif, le logis E commandé par le logis D mitoyen et le logis F distribué par un escalier propre. Deux portes jumelées d'étage, murées, à la jonction de ces deux logis sur la cour d'entrée, indiquent l'existence ou le projet d'un escalier extérieur commun et donc un repentir distributif.

Une intervention mineure au 19e siècle assure l´autonomie partielle du logis E, par l´aménagement d´une porte et d´une fenêtre au rez-de-chaussée.



Illustrations

Fig. 1
Vue de situation.
Fig. 2
Plan-masse et de situation. D'après le plan cadastral, 1970, éd. 1988, section AO, parcelle 79, éch. 1 : 1 000, agrandi.
Fig. 3
Plan-masse et de situation. D'après le plan cadastral, 1840, section G, parcelle 586, éch. 1 : 1 000.
Fig. 4
Plan schématique de couverture.
Fig. 5
Plan schématique du rez-de-chaussée.
Fig. 6
Plan du 1er étage, par R. Baldet, 1962.
Fig. 7
Vue d'ensemble à l'angle des rues Vauvert et de l'Hommeau : à gauche, l'hôtel Poiroux, à droite l'hôtel 32 rue de l'Hommeau
Fig. 8
Logis 16e (A) et cabinet 16e (C) : vue sur la rue Vauvert
Fig. 9
Vue d'ensemble sur la rue de l'Hommeau à l'est et la cour d'entrée au nord
Fig. 10
Logis 16e (A) et pavillon d'escalier-galerie 16e (B) : façade est, sur la rue de l'Hommeau
Fig. 11
Logis 18e (F) : couloir vers la cour postérieure
Fig. 12
Galerie du pavillon d'escalier 16e (B) : détail sur l'nscription surmontant la baie sur rue du 1er étage
Fig. 13
Pavillon d'escalier (B), vestige de la corniche à l'angle sud-est au contact du logis 16(A)
Fig. 14
Vue d'ensemble axée sur la cour d'entrée, depuis la rue de l'Hommeau
Fig. 15
Mur de clôture sur la rue de l'Hommeau : porte piétonne
Fig. 16
Galerie du pavillon d'escalier (B), du 1er étage sur cour : pan de bois et hourdis peint
Fig. 17
Galerie du pavillon d'escalier (B), 1er étage sur cour : hourdis peint simulant des briques posées diagonalement.
Fig. 18
Galerie du pavillon d'escalier 16e (B), vue intérieure du pan de bois au 2e étage
Fig. 19
Logis 16e (D) et logis 18e (E) : baies du rez-de-chaussée sur cour
Fig. 20
Logis 16e (D), élévation sur cour : baies du 1er niveau reprises au 18e siècle
Fig. 21
Logis 18e (E) : 1er niveau sur la cour d'entrée
Fig. 22
Cour : descente de cave du logis 18e (E)
Fig. 23
Logis 16e (A), 1er niveau est sur la rue de l'Hommeau : vestiges d'une de petites fenêtres en plein-cintre.
Fig. 24
Vue d'ensemble des élévations sur la cour postérieure (Commmuns H et logis 18e (E-F)
Fig. 25
Logis 18e (E-F) : face ouest sur la cour postérieure, partie haute.
Fig. 26
Galerie du pavillon d'escalier 16e (B) : vestibule sur cour et porte vers l'escaliers 16e (B)
Fig. 27
Galerie du pavillon d'escalier 16e (B) : porte vers l'escaliers 16e (B)
Fig. 28
Enfilade des portes de l'escalier et du salon.
Fig. 29
Cage d'escalier, 1er niveau : dessus de portes des pièces de réception (salon et salle à manger).
Fig. 30
Vestibule et départ de la cage d'escalier 16e (B)
Fig. 31
Cage d'escalier 16e (B), vue depuis le palier du 1er étage
Fig. 32
Cage d'escalier 16e (B), mur est : baie en plein cintre inférieure, avec son volet intérieur
Fig. 33
Cage d'escalier 16e (B), mur est : baie en plein cintre supérieure
Fig. 34
Cage d'escalier 16e (B), mur est : baie en plein cintre supérieure avec son volet intérieur
Fig. 35
Cage d'escalier 16e (B), palier du dernier niveau
Fig. 36
Logis 18e (F) : départ de l'escalier
Fig. 37
Logis 18e (F) : volée de l'escalier, vue depuis le rez-de-chaussée
Fig. 38
Logis 16e (A), pièce du rez-de-chaussée, élévation intérieure est, vers la rue de l'Hommeau
Fig. 39
Logis 16e (A), pièce du rez-de-chaussée : cheminée sur le mur sud, vers la rue Vauvert
Fig. 40
Logis 16e (D), pièce du rez-de-chaussée, mur ouest : cheminée
Fig. 41
Logis 16e (A), salle principale du rez-de-chaussée : porte est vers la pièce du logis 16e (D)
Fig. 42
Cabinet 16e (C) : porte du rez-de-chaussée vers la pièce principale du logis 16e (A)
Fig. 43
Logis 16e (D), pièce du 1er étage, mur ouest : la cheminée
Fig. 44
Logis 16e (D), pièce du 2e étage carré : vue d'ensemble vers ouest
Fig. 45
Logis 16e (D), pièce du 2e étage carré : cheminée sur le mur ouest
Fig. 46
Logis 16e (D), pièce du 2e étage carré  : porte sud vers le cabinet 16e (C)
Fig. 47
Logis 16e (D), pièce du 2e étage carré  : porte est vers l'escalier 16e (B)

Image non disponible

Fig. 48
Logis 18e (D), pièce du 1er étage, mur nord : la cheminée
Fig. 49
Logis 16e (A), comble : vue d'ensemble de la charpente, du nord-ouest vers le sud-est.
Fig. 50
Logis 16e (A), élévation intérieure ouest du comble, avec la porte vers le cabinet 16e (C)
Fig. 51
Cabinet 16e (C), 2e étage : porte vers la pièce du logis 16e (A)
Fig. 52
Logis 16e (D), 3e étage : élévation intérieure nord
Fig. 53
Logis 16e (D), 3e étage, porte nord-est murée, sans gonds ni gâche
Fig. 54
Logis 16e (D), 3e étage : vue intérieure vers l'est, avec le comble du pavillon d'escalier (B) au fond
Fig. 55
Logis 16e (D), 3e étage, angle intérieur sud-ouest, au contact du pavillon d'escalier 16e (B)
Fig. 56
Logis 16e (D), 3e étage : vue intérieure vers ouest
Fig. 57
Logis 16e (D), 3e étage, détail de l'angle intérieur sud-ouest : trace dans le mur de la ferme sud de la toiture originelle.
Fig. 58
Logis 16e (D), 3e étage : élévation intérieure sud
Fig. 59
Cabinet 16e (C) : descente de l'escalier en vis vers le sous-sol (par une trappe dans le plancher.
Fig. 60
Départ de l'escalier en vis accèdant au cabinet 16e (C), vu du sous-sol.
Fig. 61
Sous-sol, porte de la cave du logis 18e (E) vers la vis du cabinet 16e (C)
Fig. 62
Sous-sol, porte vers la vis du cabinet 16e (C) : vue depuis la cave du logis 18e (E).
Fig. 63
Logis 16e (D), 3e étage  : vue intérieure vers est.
Fig. 64
Sous-sol du logis 18e (E) : escalier vers la cour d'entrée.

Voir

Angers, Présentation de l'aire d'étude Angers intra-muros
Angers, Centre-ville (quartier), Demeures du centre historique (intra-muros)
Angers, Centre-ville (quartier), L'habitat communal

Région des Pays de la Loire - Service du Patrimoine / Ville d'Angers - Service Patrimoine Historique, Inventaire. Chercheur(s) : Letellier-d'Espinose Dominique ; Biguet Olivier. (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général ; (c) Ville d'Angers. Renseignements : Centre de ressources, 1 rue de la Loire, 44966 Nantes cedex 9, tél. 02 28 20 54 70 - courriel : doc.patrimoine@paysdelaloire.fr - Document produit par Renabl6 : (c) Pierrick Brihaye (Région Bretagne) / Yves Godde (Ville de Lyon)