Inventaire général du patrimoine culturel
Région des Pays de la Loire/Service du Patrimoine
Ville d'Angers - Service Patrimoine Historique, Inventaire
inventaire topographique

Pays de la Loire, Maine-et-Loire

Angers, Centre-ville (quartier), Harpe (rue de la) 7 à 9 bis

Manoir, puis hôtel de Beauvau, dit plus tard hôtel de Montiron

Type de dossier : individuel Oeuvre sélectionnée Date de l'enquête : 1979

Désignation

Dénomination : manoir ; hôtel
Appellation et titre : manoir, puis hôtel de Beauvau, dit plus tard hôtel de Montiron
Partie(s) constituante(s) non étudiée(s) : cour ; jardin ; communs

Compléments de localisation

Référence(s) cadastrale(s) : 1840 G 117 à 122, 125, 126 ; 1980 AO 133, 389 ; 1999 AO 133, 389
Numéro INSEE de la commune : 49007
Aire : Angers intra-muros
Canton : Angers Nord
Milieu d'implantation : en ville

Historique

Commentaire historique : Le corps principal de cet édifice, sous une apparence d'architecture classique, remonte dans son gros-oeuvre au 12e siècle et présente encore d'importants vestiges caractéristiques de l'architecture romane, notamment un grand portail sculpté sur le pignon droit d'entrée (vers l´impasse du Sauvage) et de vastes baies en plein-cintre sur l'élévation postérieure sur jardin, qui constituait la belle façade orientée sur la rivière : une rénovation de cette façade en 1996 a permis en effet d'identifier cinq grandes fenêtres géminées dont une encore cantonnée d'une colonne entière et de son chapiteau ; ces éléments sont de nouveau pour l'essentiel cachés par un enduit. Cet édifice, identifié comme un manoir patricien alors hors enceinte urbaine, était au 14e siècle une propriété du couvent voisin des Augustins (selon la plus ancienne mention retrouvée) ; il resta propriété des Augustins jusqu'à la Révolution. Un membre de la famille de Châteaubriant, attestée en Anjou dès le 12e siècle, était un bienfaiteur du couvent et leur avait cédé une maison et un emplacement pour s'établir : s´agit-il du manoir de la rue de la Harpe ? Dès la fin du 14e siècle, la topographie avait évolué : des maisons s'étaient implantées au-devant du grand portail, impliquant une reconfiguration de l'édifice sur une cour d´entrée, rue de la Harpe. Les restes de mouluration gothique d'une porte sur la façade sur cour du grand corps, une ouverture à accolade sur l'élévation sur jardin, la structure des combles, sans surcroît, sur les faces postérieures, font envisager une campagne au 15e siècle, peut-être liée aux libéralités de Bertrand de Beauvau pour le couvent des Augustins : un acte du 17e siècle fait en effet savoir que ce logis était communément dénommé Beauvau. Il est probable que la restructuration des niveaux avec deux étages carrés est effective dès cette époque. Puis l'édifice, que l'on peut désormais qualifier d'hôtel, fait l'objet vers 1646 d'importants travaux sous l'égide des Augustins : l'aile gauche attenante au grand corps est alors construite, l'escalier refait, la charpente et les lucarnes sur jardin reprises, le portail sur rue édifié. L'élévation postérieure, sur le jardin, est à nouveau remaniée dans la 2e moitié du 18e siècle : perron, balcons, baies romanes retraitées. Côté cour d'entrée, une reprise des parties supérieures des maçonneries formant un surcroît, entraînant la reprise des lucarnes, date peut-être de cette époque. Les ouvertures restantes sont retouchées dans la 2e moitié du 19e siècle et les lucarnes dénaturées au 20e siècle. La cour des communs et l'aile droite du logis sont des constructions de la fin du 19e siècle. Les élévations sur cour sont drastiquement ravalées dans le courant du 20e siècle. La dernière appellation de l´édifice provient de la famille Hernault de Montiron qui devait en être locataire dans la première moitié du 19e siècle.
Datation(s) principale(s) : 12e siècle ; 15e siècle ; milieu 17e siècle ; 2e moitié 19e siècle
Datation(s) secondaire(s) : 2e moitié 18e siècle
Date(s) : 1646
Justification de la datation : daté par source

Description

Commentaire descriptif : L´hôtel, entre cour et jardin, est constitué principalement d´un grand corps de logis et d´une aile en retour d´équerre sur la gauche, à travées. Une autre aile, en rez-de-chaussée, et une construction en forme de tour coiffée en pavillon, modernes, ferment la cour sur la droite. Des bâtiments de communs s´organisent autour d´une cour secondaire, au-delà de l´aile en retour. L´édifice, entièrement en schiste, est aujourd´hui à deux étages carrés - le rez-de-chaussée est surélevé côté jardin - (initialement le manoir était à deux niveaux, un rez-de-chaussée à usage de service et un premier étage correspondant à l´étage noble). Les combles sont à surcroît côté cour, correspondant à une reprise d´une structure sans surcroît qui s´observe toujours côté jardin et communs. Les couvertures sont à longs pans. Des appentis couvrent les parties annexes. L´escalier est dans le grand corps, en maçonnerie, tournant autour d´un gros massif carré.
Matériau(x) de gros-oeuvre et mise en oeuvre : schiste ; moellon sans chaîne en pierre de taille ; moellon ; enduit partiel
Matériau(x) de couverture : ardoise
Parti de plan : plan régulier en L
Vaisseau(x) et étage(s) : sous-sol ; 2 étages carrés ; comble à surcroît ; étage de comble
Type et nature du couvrement : voûte en berceau segmentaire
Parti d'élévation extérieure : élévation à travées
Type de la couverture : toit à longs pans ; appentis ; toit en pavillon ; pignon couvert ; noue
Emplacement, forme et structure de l'escalier : escalier dans-oeuvre : escalier tournant à retours sans jour, en maçonnerie
Technique du décor : sculpture ; ferronnerie
Représentation : colonne, cheval, ornement géométrique ; animal, oiseau ; arabesque
Précision sur la représentation : Le grand portail d'entrée du manoir est constitué d'ébrasement à colonnes dont les chapiteaux sont aujourd'hui ruinés ; sur une photographie ancienne, on semble distinguer un chapiteau avec des animaux affrontés (chevaux ?). Les tailloirs en frise sont ornés de croix de Saint-André que ponctuent des cabochons dans les compartiments. Un chapiteau retrouvé sur la grande façade sur jardin montre deux quadrupèdes affrontés (des lions ?) que chevauchent des oiseaux. Les deux balcons sur jardin sont à motifs d'une grande palmette centrale et de volutes pour celui central, de volutes seules pour celui de droite.


Support : portail sur le mur pignon droit du corps principal. Support : balcons.
Typologie : Manoir à logis rectangulaire ; hôtel à cour antérieure.
Etat de conservation : restauré

Intérêt de l'oeuvre

Intérêt de l'oeuvre : à signaler
Elément(s) remarquable(s) : portail
Observations : Cet hôtel, qui a pris son apparence actuelle au 17e siècle (et en tenant compte d´altérations plus récentes), est en fait la reprise d´un vaste manoir seigneurial du 12e siècle dont l´élément le plus apparent et spectaculaire est le grand portail d´entrée à quatre rouleaux sur le pignon sud-ouest - l´édifice était initialement orienté vers la rue Lionnaise, accessible par une impasse. Des travaux de ravalement en 1996 ont dégagé brièvement la longue élévation de 27 m sur jardin, la façade de prestige, et permis de mesurer l´importance et la qualité des restes de ce manoir médiéval : le coffre de maçonnerie était encore en place, ainsi que des vestiges substantiels des grandes baies géminées de l´étage noble, faisant de ce bâtiment, après l´évêché, le plus considérable témoin de l´habitat de l´époque romane à Angers, voire de la région.

Situation juridique

Statut de la propriété : propriété privée

Vue de situation, rue de la Harpe.


Illustrations

Fig. 1
Vue de situation, rue de la Harpe.
Fig. 2
Vue du grand corps de logis, depuis l'impasse du Sauvage.
Fig. 3
Plan-masse et de situation. D'après le plan cadastral, 1970, éd. 1988, section AO, parcelles 133, 389, éch. 1 : 1 000, agrandi.
Fig. 4
Plan-masse et de situation. D'après le plan cadastral, 1840, section G, parcelles 117 à 122, 125, 126, éch. 1 : 1 000.
Fig. 5
Essai de restitution des emprises vers 1460, à partir des archives de l'abbaye du Ronceray.
Fig. 6
Plan schématique des couvertures.
Fig. 7
Plan du rez-de-chaussée. D'après un plan ni daté (années 1950 ou 1960), ni signé, éch. originale 1 : 100.
Fig. 8
Plan du 1er étage. D'après un plan ni daté (années 1950 ou 1960), ni signé, éch. originale 1 : 100.
Fig. 9
Reconstitution des niveaux d'habitation du grand corps de logis XIIe siècle : coupe transversale nord.
Fig. 10
Plans des sous-sols et 1er étage actuels
Fig. 11
Pignon sud et élévation est sur jardin du grand corps de logis : état en 1996, état restitué au XIIe siècle.
Fig. 12
Vue de situation depuis l'est (édifice au troisième plan sur l'image), détail d'une vue panoramique du quartier de la Doutre, carte postale, repro. d'une photogr., de R. Rivière, 1871.
Fig. 13
Portail du pignon sud, photogr., avant 1918.
Fig. 14
Vue de situation au nord, depuis les combles du 2 rue de la Harpe. L'édifice est au second plan.
Fig. 15
Pignon nord.
Fig. 16
Aile gauche en retour sur cour, façade postérieure.
Fig. 17
Portail, élévation sur la rue.
Fig. 18
Corps principal : façade ouest, sur cour.
Fig. 19
Logis, élévation sur la cour d'entrée : angle gauche.
Fig. 20
Pignon sud.
Fig. 21
Pignon sud, détail.
Fig. 22
Pignon sud : vue partielle, à partir du 1er étage, peu avant les travaux de ravalement, début septembre 1996.
Fig. 23
Pignon sud : porte du XIIe siècle menant à la grande salle du 1er étage, vue peu avant les travaux de ravalement, début septembre 1996.
Fig. 24
Pignon sud, portail d'accès au 1er étage : détail du piedroit gauche et de l'arc, à hauteur de l'imposte. Sondage effectué lors des travaux de ravalement, mai-septembre 1996.
Fig. 25
Pignon sud, portail d'accès au 1er étage, piedroit gauche et de l'arc, à hauteur de l'imposte : détail sur le décor de l'imposte et départ de l'embrasure interne. Sondage effectué lors des travaux de ravalement, mai-septembre 1996.
Fig. 26
Vue de situation, angle nord-est.
Fig. 27
Façade sur le jardin (est).
Fig. 28
Corps principal, partie sud de l'élévation sur jardin, traces d'arcs en plein-cintre.
Fig. 29
Façade est, sur le jardin : vue d'ensemble durant les travaux de ravalement de juin-juillet 1996.
Fig. 30
Façade est, sur jardin : partie gauche, durant les travaux de ravalement de juin-juillet 1996.
Fig. 31
Façade est, sur le jardin, rez-de-chaussée, extémité gauche : vestige d'une ouverture dégagée lors des travaux de ravalement de juin-juillet 1996.
Fig. 32
Façade est, sur le jardin, rez-de-chaussée, 2e baie (depuis le sud, à gauche) : vestiges de deux ouvertures dégagées lors des travaux de ravalement de juin-juillet 1996.
Fig. 33
Façade est, sur le jardin, 1er étage, 1ère baie (depuis le sud, à gauche) : vue d'ensemble lors des travaux de ravalement de juin-juillet 1996. On aperçoit la base de la colonne de gauche.
Fig. 34
Façade est, sur le jardin, 1er étage, 1ère baie (depuis le sud, à gauche) : base de la colonne de gauche dégagée lors des travaux de ravalement de juin-juillet 1996.
Fig. 35
Façade est, sur le jardin, 1er étage, 1ère baie (depuis le sud, à gauche), piedroit de gauche, à hauteur du chapiteau : pierre de remploi portant un décor de ruban plissé, découvert lors des travaux de ravalement de juin-juillet 1996.
Fig. 36
Façade est, sur jardin : partie centrale, durant les travaux de ravalement de juin-juillet 1996.
Fig. 37
Façade est, sur le jardin, 1er étage, 2e baie (depuis le sud, à gauche) : vue d'ensemble, avec la colonne et le chapiteau gauches bien dégagés, lors des travaux de ravalement de juin-juillet 1996.
Fig. 38
Façade est, sur le jardin, 1er étage, 2e baie (depuis le sud, à gauche) : piedroit de gauche, avec sa colonne et son chapiteau dégagés lors des travaux de ravalement de juin-juillet 1996.
Fig. 39
Façade est, sur le jardin, 1er étage, 2e baie (depuis le sud, à gauche) : base de la colonne de gauche dégagée lors des travaux de ravalement de juin-juillet 1996.
Fig. 40
Façade est, sur le jardin, 1er étage, 2eme baie (depuis le sud, à gauche) : détail sur la base de la colonne de gauche. Travaux de ravalement, mai-sept.1996.
Fig. 41
Façade est, sur le jardin, 1er étage, 2e baie (depuis le sud, à gauche) : colonne de gauche à hauteur du chapiteau et détail sur le remplage adjacent. Travaux de ravalement de mai-septembre 1996.
Fig. 42
Façade est, sur le jardin, 1er étage, 2e baie (depuis le sud, à gauche) : chapiteau de la colonne gauche, dégagé lors des travaux de ravalement de juin-juillet 1996.
Fig. 43
Façade est, sur le jardin, 1er étage, 2e baie (depuis le sud, à gauche) : partie supérieure gauche du remplage conservant la trace de la baie géminée de gauche. Travaux de ravalement, mai-septembre 1996.
Fig. 44
Façade est sur le jardin, 1er étage, 2e baie (depuis le sud, à gauche) : partie inférieure gauche du remplage conservant peut-être la trace d'une allège (pierres inférieures formant retour vers la droite). Travaux de ravalement, mai-sept. 1996.
Fig. 45
Façade est, sur le jardin, rez-de-chaussée : trace de deux ouvertures situées entre la porte centrale et la baie voisine de droite. Travaux de ravalement de juin-juillet 1996.
Fig. 46
Façade est, sur le jardin, 1er étage, 4e baie (depuis le sud, à gauche) : vue d'ensemble lors des travaux de ravalement de juin-juillet 1996.
Fig. 47
Façade est, sur le jardin, 1er étage, 3e baie (depuis le sud, à gauche) : vue d'ensemble lors des travaux de ravalement de juin-juillet 1996.
Fig. 48
Façade est, sur jardin : partie droite, durant les travaux de ravalement de juin-juillet 1996.
Fig. 49
Façade est, sur le jardin, rez-de-chaussée : trace de deux ouvertures murées superposées, entre les 2e et 5e baies. Travaux de ravalement de juin-juillet 1996.
Fig. 50
Façade est, sur le jardin, 1er étage, 5e baie (depuis le sud, à gauche) : vue d'ensemble lors des travaux de ravalement de juin-juillet 1996.
Fig. 51
Façade sur le jardin, travée extrême droite, rez-de-chaussée.
Fig. 52
Sous-sol, salle médiane sud.
Fig. 53
Cage d'escalier, sous-sol.
Fig. 54
Sous-sol, salle médiane nord, mur nord : baie murée et tronquée par la cage d'escalier.
Fig. 55
Escalier : noyau, vu depuis le palier du premier étage.
Fig. 56
Corps principal, façade d'entrée (ouest), vers la rue de la Harpe, premier niveau : porte extrême-droite (sud).
Fig. 57
Corps principal, rez-de-chaussée, placard dans le mur, pignon nord.
Fig. 58
Corps principal, rez-de-chaussée, placard dans le mur, pignon nord.
Fig. 59
Charpente du corps principal, axe nord-sud.

Voir

Angers, Présentation de l'aire d'étude Angers intra-muros
Angers, Centre-ville (quartier), Demeures du centre historique (intra-muros)
Angers, Centre-ville (quartier), L'habitat communal

Région des Pays de la Loire - Service du Patrimoine / Ville d'Angers - Service Patrimoine Historique, Inventaire. Chercheur(s) : Letellier-d'Espinose Dominique ; Biguet Olivier. (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général ; (c) Ville d'Angers. Renseignements : Centre de ressources, 1 rue de la Loire, 44966 Nantes cedex 9, tél. 02 28 20 54 70 - courriel : doc.patrimoine@paysdelaloire.fr - Document produit par Renabl6 : (c) Pierrick Brihaye (Région Bretagne) / Yves Godde (Ville de Lyon)