Inventaire général du patrimoine culturel
Région des Pays de la Loire/Service du Patrimoine
Ville d'Angers - Service Patrimoine Historique, Inventaire
inventaire topographique

Pays de la Loire, Maine-et-Loire

Angers, Centre-ville (quartier), Comédie (impasse de la)

Jeu de paume dit le grand jeu des halles, puis théâtre dit la salle de la comédie

Type de dossier : individuel Oeuvre sélectionnée Date de l'enquête : 1975

Désignation

Dénomination : jeu de paume ; théâtre
Appellation et titre : grand jeu des halles ; salle de la comédie
Partie(s) constituante(s) non étudiée(s) : cour ; maison

Compléments de localisation

Référence(s) cadastrale(s) : 1840 H1 242, 243 ; 1980 BR 118, 472 ; 1999 BR 118, 547
Numéro INSEE de la commune : 49007
Aire : Angers intra-muros
Canton : Angers Centre
Milieu d'implantation : en ville

Historique

Commentaire historique : La première mention d´un jeu de paume en bas de la place Louis-Imbach (ancienne place des Halles) remonte à 1565, date d´un acte de vente d´une maison voisine le citant en confront sous l´appellation de grand jeu des halles. La vue cavalière d´Angers, par Adam Vandelant en 1576, le représente précisément (au premier plan du document) et atteste alors un jeu de paume couvert : la plupart des jeux de paume étaient à l'origine à ciel ouvert et c'est précisément dans cette 2e moitié du 16e siècle que s'amorce leur couvrement. L´utilisation de baraudes (pierre de taille de tuffeau de très grandes dimensions) confirme une datation du 16e siècle, après lequel ce module de tuffeau disparaît.

En 1762, deux marchands, Jean Thoribet et Roch Charrier, adaptent le lieu en théâtre selon un usage courant à l'époque et la première salle de spectacle d´Angers est inaugurée en 1763. Des peintures d'un certain Dubois ornaient le plafond, le devant des loges et le rideau de scène : un peintre alors célébre d'après l´historiographe local, Julien Péan de la Tuillerie, dans sa description de la ville d´Angers, en 1778. Selon un plan parcellaire établi vers 1769, une maison à cour arrière fait également partie de la propriété, avec un escalier en retour donnant sur l´entrée de la salle.

Vers 1813, quand la municipalité étudie la création d'un nouveau théâtre sur la place du Ralliement, les propriétaires de l'époque s'empressent de prévoir des réaménagements et agrandissements avec façade principale sur le nouveau boulevard Carnot, à l'emplacement des remparts. Ces projets restent sans suite et la salle ferme en 1825, année de l'inauguration du premier théâtre de la ville, place du Ralliement.

L´angle nord-est du vaisseau est entamé dans la 2e moitié du 19e siècle pour la construction d´un corps de communs de l´hôtel, 14 boulevard Carnot. L´entrée de la salle est éventrée et l´escalier déplacé dans le corps même de la maison. La salle ne subsiste plus aujourd'hui que dans son enveloppe de maçonnerie, révélant de nouveau l´espace intérieur du jeu de paume ; la maison attenante existe encore, fortement ravalée. Abandonné depuis plusieurs décennies, l´édifice du jeu de paume est en très mauvais état (charpente et couverture ruinées). Un permis de construire pour un projet d´habitation déposé en 2007 doit en transformer définitivement la structure.
Datation(s) principale(s) : 16e siècle ; 3e quart 18e siècle
Date(s) : 1762
Justification de la datation : daté par source ; daté par travaux historiques

Description

Commentaire descriptif : Situé au fond d'une petite impasse, l´édifice présente un accès difficile et un enclavement tel qu´aucune élévation extérieure n´est aujourd´hui visible. Malgré sa transformation un temps en théâtre, l´édifice a largement repris son allure de jeu de paume : une enveloppe de maçonnerie de schiste parementé intérieurement d´un grand appareil de baraudes (grandes pierres de tuffeau) délimite un vaisseau de 33 m sur seulement 8 m de large d'après plan cadastral. La largeur intérieure est de 6,40 m dans-oeuvre d'après mesures sur place.

La hauteur intérieure du volume sous faîtage est de 11,73 m et de 7,73 m jusqu'au faîte des élévations (en prenant le niveau originel situé à 0,93 m en dessous du niveau actuel). Le mur maçonné monte jusqu´à 4,88 m ; au-dessus, une structure à claire-voie à poteaux de bois, (2,80 m de hauteur) assure l´éclairage et porte la charpente : ces poteaux présentent une face élargie et sont entaillés sur leur face opposée (non visible) pour recevoir et porter la sablière de toit. Cette disposition largement masquée pour l´aménagement du lieu en théâtre au 18e siècle, est encore observable sur la face nord : les poteaux en place sont désormais enchâssés dans une maçonnerie de moellon de schiste. Une couverture à longs pans avec pignons couverts couvre la charpente apparente, de type chevrons formant fermes (10 fermes principales).

La maison attenante, en moellon de schiste enduit, est à deux étages carrés et étage en surcroît dans un comble en partie brisé (versant sud) ; le long pan nord se raccroche à la salle par une structure en pan de bois. La maison présente un pignon en façade sur l´impasse. L´escalier était originellement hors-oeuvre en retour dans le fond de l´impasse, à l´entrée de la salle. Il est aujourd´hui dans-oeuvre dans le corps même de la maison, suspendu, en bois et rampe de fonte.
Matériau(x) de gros-oeuvre et mise en oeuvre : tuffeau ; grand appareil ; schiste ; moellon ; enduit ; bois ; pan de bois
Matériau(x) de couverture : ardoise ; verre en couverture
Vaisseau(x) et étage(s) : 1 vaisseau ; 2 étages carrés ; étage en surcroît
Parti d'élévation extérieure : élévation à travées
Type de la couverture : toit à longs pans ; toit à longs pans brisés ; pignon couvert ; verrière
Emplacement, forme et structure de l'escalier : escalier dans-oeuvre : escalier tournant à retours avec jour, en charpente, suspendu

Intérêt de l'oeuvre

Observations : Seul témoin architectural d'un jeu de paume remontant au 16e siècle, grande période de ce loisir. Cet ancien quartier des halles comprenait deux autres jeux de paume attestés au 16e siècle, celui du Cornet qui a donné son nom à l'ancienne rue du Puits-Doux, et celui des Aisses également conservé dans la toponymie (rue des Aix).

Malgré les usages ultérieurs qui ont eu notamment pour effet de supprimer la partie haute en claire-voie des élévations principales, la représentation du 16e siècle et les structures présentes permettent une restitution, au moins pour le gros-oeuvre, des dispositions originelles du jeu de paume des halles.

Situation juridique

Statut de la propriété : propriété privée

Vue de situation des vestiges, au fond (accès à la salle) et à gauche de l'impasse (logis).


Illustrations

Fig. 1
Vue de situation des vestiges, au fond (accès à la salle) et à gauche de l'impasse (logis).
Fig. 2
Plan-masse et de situation. D'après le plan cadastral numérisé 1999, section BR, parcelles 118, 547, éch. 1 : 1 000.
Fig. 3
Plan-masse et de situation. D'après le plan cadastral, 1980, section BR, parcelles 118, 472, éch. 1 : 1 000.
Fig. 4
Plan-masse et de situation. D'après le plan cadastral, 1840, section H1, parcelles 242, 243, éch. 1 : 1 000.
Fig. 5
Vue du bâtiment depuis le nord (au 2e plan, derrière le rempart). Détail de la vue cavalière d'Adam Vandelant, 1576.
Fig. 6
Plan de masse et de situation, détail d'un plan parcellaire, vers 1769.
Fig. 7
Projet de restauration et d'agrandissement, dessin aquarellé, s. n., s. d.
Fig. 8
Elévation antérieure. Projet d'agrandissement non réalisé (?).
Fig. 9
L'ancienne salle de spectacle d'Angers : volume intérieur de la salle, vue en axe longitudinal de la gauche vers la droite, dessin, par A. Ruel, 1932.
Fig. 10
L'ancienne salle de spectacle d'Angers : volume intérieur de la salle, vue en axe longitudinal de la droite vers la gauche, dessin, par A. Ruel, 1932.
Fig. 11
Localisation du théâtre de la Comédie (surligné en jaune), vue depuis le sud-ouest, détail d'une vue aérienne.
Fig. 12
Elévation d'entrée au fond de l'impasse de la Comédie, englobée dans la construction de la maison attenante, en retour à gauche (couverture à comble brisé).
Fig. 13
Elévation intérieure latérale sud, partie gauche, détail sur de petites niches en plein-cintre.
Fig. 14
Vue d'ensemble de l'espace intérieur, depuis l'entrée, en axe est-ouest.
Fig. 15
Vue d'ensemble de l'espace intérieur, depuis le fond, en axe ouest-est.
Fig. 16
Partie ouest de l'espace intérieur, détail sur la charpente.
Fig. 17
Partie est de l'espace intérieur, mur latéral sud : détail sur la surélévation liée à la construction de la maison attenante.
Fig. 18
Partie ouest de l'espace intérieur, mur latéral sud : détail sur la maçonnerie de grand appareil (barraudes), sous le remplissage en moellon de schiste des anciennes parties ouvertes pour l'éclairage.
Fig. 19
Partie ouest de l'espace intérieur, mur latéral nord : vue d'ensemble sur la maçonnerie de grand appareil (barraudes), sous le remplissage en moellon de schiste des anciennes parties ouvertes pour l'éclairage.
Fig. 20
Partie ouest de l'espace intérieur, mur latéral nord : vue rapprochée sur la maçonnerie de grand appareil (barraudes), sous le remplissage en moellon de schiste des anciennes parties ouvertes pour l'éclairage.
Fig. 21
Partie est de l'espace intérieur, mur latéral nord : détail sur les derniers poteaux encore en place portant la charpente qui assuraient l'éclairage au-dessus des murs de maçonnerie (espaces ouverts entre les poteaux aujourd'hui murés).

Voir

Angers, Présentation de l'aire d'étude Angers intra-muros
Angers, L'architecture de l'administration et des services

Région des Pays de la Loire - Service du Patrimoine / Ville d'Angers - Service Patrimoine Historique, Inventaire. Chercheur(s) : Letellier-d'Espinose Dominique ; Biguet Olivier. (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général ; (c) Ville d'Angers. Renseignements : Centre de ressources, 1 rue de la Loire, 44966 Nantes cedex 9, tél. 02 28 20 54 70 - courriel : doc.patrimoine@paysdelaloire.fr - Document produit par Renabl6 : (c) Pierrick Brihaye (Région Bretagne) / Yves Godde (Ville de Lyon)