Culture

En amont de la construction d’une galerie contemporaine sur le fronton de la cathédrale Saint-Maurice, des fouilles archéologiques sont en cours sur le parvis. Une centaine de sépultures ont été mises au jour.

C’est le préalable indispensable à tout aménagement d’importance, notamment sur un site aussi riche historiquement car occupé depuis l’époque gauloise : des fouilles archéologiques sont en cours, depuis le mois de mars, sur le parvis de la cathédrale Saint-Maurice. Menées par l’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives) et le pôle archéologique départemental pour le compte du Service Régional d’Archéologie de la DRAC Pays de la Loire, elles précèdent la construction d’une galerie contemporaine accolée au fronton de l’édifice, qui sera destinée notamment à protéger le portail médiéval avec ses polychromies exceptionnelles, restaurées en 2018. 

Avec une cote de fouille établie à 1,60 m sous le niveau actuel du sol, le chantier s’intéresse aux vestiges de l’époque médiévale, notamment ceux laissés par l’ancienne galerie, construite au début du 13e siècle et démolie au début du 19e. Et sans surprise, ce sont essentiellement des sépultures qui ont été mises au jour. "Le sous-sol de la galerie médiévale était un lieu d’inhumation d’ecclésiastiques, explique Frédéric Guérin, archéologue de l’Inrap responsable du chantier. S’y ajoutent des sépultures plus anciennes et, en bordure de périmètre, celles de l’ancien cimetière paroissial, qui lui remonte au 11e siècle." 

En tout, début juin le chantier avait révélé pas moins de 98 sépultures. Sachant qu’à 100, la durée des fouilles sera prolongée de quinze jours, pour courir jusqu’à mi-juillet. "Un report supplémentaire pourrait avoir lieu si on en découvre plus de 150… ce qui n’a rien d’impossible", estime Frédéric Guérin. 

Côté "matériel funéraire", pas de réelle surprise : sarcophages, coffrages et cercueils en bois pour les tombes les plus récentes, avec peu de mobilier ostentatoire. "Les clercs inhumés ici étaient plutôt de second rang, les sépultures des personnalités plus importantes étant situées dans les soubassements de la nef." A noter également : la présence de sarcophages beaucoup plus anciens, datant du haut moyen-âge. "L’époque médiévale était celle de l’économie circulaire, on récupérait tout, explique l’archéologue. Aussi il n’est pas rare que des sarcophages aient été réemployés plusieurs siècles après leur première utilisation." 

Reste en revanche une énigme : celle d’une étonnante construction circulaire, aménagée semble-t-il au début du 16e siècle en soubassement de la galerie. "Pour l’instant nous n’avons aucune idée de son utilité. Plusieurs hypothèses ont été émises, par exemple celle d’un ossuaire, d’une citerne ou même d’une fonderie pour les cloches de la cathédrale, mais des examens spécialisés ont invalidé ces théories. Le mystère reste entier…"